Le don du Nil

pyramide louxir egypte
Du Caire au désert blanc en passant par l’Oasis de Bahariya jusqu’à Louxor, découvrez notre itinéraire sur la terre des Pharaons.

  Carnet de voyage : Road trip en Egypte

Informations sur le voyage

  • Durée : 12 jours
  • Nombre de voyageurs : En couple
  • Budget par personne : 1800 euros €
  • Budget utilisé pour :
    • Vol ou transport
    • Logement
    • Activités
    • Visites
    • Food & drinks
  • Itinéraire : Le Caire - L'Oasis de Baharya - Gaby - Le désert - Le Désert Blanc - Le Caire, Gizeh - Saqqarah, Dahchour - Le Sérapéum - Hôtel Windsor - Louxor - Le Sofitel Old Winter Palace - La Montgolfière - Vallée des Rois, Temple d'Hatshepsout, Médinet-Habu et Colosses de Memnon

 

Après un long voyage depuis Paris et une escale à Rome, nous atterrissons au Caire, le 23 septembre 2019.

Le Caire I

Nous arrivons de nuit à l’hôtel Marriott, dans le quartier cool de Zamalek. Avec une arrivée à 3h du matin, nous souhaitions miser sur la facilité d’accès et le confort pour les 2 premières nuits. Les péripéties commencent déjà. N’ayant à priori pas reconfirmé notre réservation comme nous aurions dû, notre chambre n’est plus disponible. Nous nous retrouvons avec nul part où dormir, dans un pays inconnu. Après maintes implorations, on nous trouve finalement une chambre. Le soulagement…

Le lendemain, la visite du Caire commence. D’abord dans le quartier de Zamalek, puis nous nous enfoncerons dans la ville.

Le Caire n’est pas ce que nous imaginions. Ça grouille, c’est bruyant… On se retrouve quelque part ressemblant à la place Castellane à Marseille, avec ses palmiers défrichés et ses façades d’immeubles écaillés. Entre ville abandonnée et ressuscitée, on arpente les trottoirs de cette inconnue.

Demain, nous irons au marché de Khan Al-Khalili, où nous cherchons à nous rapprocher des habitants.

Nous y voilà… Chacun essaie de nous montrer ses merveilles en nous prenant par le bras. Dans le cœur du marché, où nous sommes les seuls touristes alentours, un homme est intrigué par le tatouage d’Adrien en forme de pyramide. Il affirme que c’est bien une pyramide, mais plusieurs hommes se rassemblent autour de nous, disant que ce n’est pas possible car elle est à l’envers. Ils ont l’air en colère. Adrien répond que la pyramide est à l’endroit quand il la regarde car elle est orientée vers lui. Ils se mettent à rire. Les gens peuvent paraître rustres au premier abord mais sont en réalité curieux des différences et amicaux. Malgré tout, l’ambiance restant tout de même étouffante et anxiogène, nous quittons le marché pour trouver plus de quiétude dans le parc Azhar. Un homme très sympathique nous accompagne dans ce sublime endroit immense et vide.

Je me souviens de ce moment, comme une accalmie après la tempête. Nous étions assoiffés, et nous nous installons à un bar du parc au bord d’un lac. La nuit tombait. L’eau étaient inondée par les couleurs changeantes du soleil. La plénitude. Il y avait un groupe d’amies derrière nous. Nous les entendions parler et rire, et ça nous faisait sourire.

L’oasis de Bahariya

Le lendemain était très attendu. C’est le jour du départ pour le désert blanc, et une surprise pour Adrien, il n’est pas au courant. Nous quittons aussi l’hôtel Marriott. Valises dans le coffre, c’est parti pour 7 heures de route en direction de l’oasis de Bahariya. A mi-chemin, nous faisons une pause. Nous sommes près des frontières du Soudan et de la Libye, dans un endroit sans nom, au milieu du désert peuplé principalement d’hommes. Aucun touriste. J’arrange mon châle sur ma tête et autour de mes épaules et garde mes lunettes de soleil. Sur le site diplomatie.gouv, la zone est fortement déconseillée.

Pourtant nous sommes sereins et confiants. Surtout moi, Adrien ne sait toujours pas où nous allons. Nous repartons et arrivons enfin dans le village au cœur de l’oasis, chez Saïd. Nous chauffeur nous dépose ici, et un autre, Ahmet, prendra le relais. Le déjeuner nous attend. Sa maison est incroyable, nous nous sentons en confiance, tout y est bienveillant. Les gens sont différents lorsqu’ils vivent hors des grandes villes…Leur visage, leurs manières, leur regard et leur sourire sont remplis de douceur et de tendresse. On nous installe dans une pièce où des ballons sont accrochés au plafond et des dessins et des photos au mur. Il y a eu un anniversaire récemment, Saïd me dit que c’était celui de sa fille de 6 ans. Là, nous voyons la photo d’une femme blanche d’une cinquantaine d’années, blonde, avec et nous le remarquons, un débardeur décolleté laissant entrevoir une poitrine généreuse. Je demande à Saïd, étonnée, s’il s’agit de sa femme. Il éclate de rire, et réponds, “nooo it’s Gaby!”

Gaby

Toute l’oasis connaît Gaby. Il me dit que c’est une allemande qui a acheté une maison à 5 minutes d’ici il y a trois ans. Les enfants et les parents l’adorent. Justement, elle vient déjeuner. Dix minutes après avoir scruté ce visage angélique détonnant dans cet environnement, je la vois apparaître dans l’encadrement de la porte. Petite, encore plus blonde, des vêtements transparents, légers et colorés, avec un bijou de front. des yeux bleus.

Nous déjeunons en tailleur sur les coussins autour de la table ronde et méditons à grand coup de citronnade. Nous sommes évidemment devenus amis…

Le désert

Nous partons ensuite pour la montagne de cristal, le désert noir puis le désert blanc, se situant tous les trois dans le désert libyen. La montagne de cristal doit son nom aux roches étincelantes en cristal de calcite. Au loin, on voit comme des paillettes à l’infini. On traverse ensuite le désert noir, qui lui, est parsemé de reliefs coniques revêtus de plaques et constellés de pierres noires en raison des dolérites, roche volcanique. On dirait une autre planète. Le désert occidental, ou désert libyen, est le plus aride au monde, et ça se voit. Nous continuons notre route vers le désert blanc, annoncé par les obstacles d’Agabat, paréidolies mystérieuses, ces statues blanche aux mille visages ont été sculptées par l’érosion du sable, du vent et de l’eau.

 

Le désert blanc

On entend soudain le calme plat comme le sol autour de nous, tellement immense qu’on pourrait croire que la terre est plate, que nous sommes au milieu et que l’on pourrait choir si l’on s’approche trop près du bord. Du sable pastel, du bleu et rose, le soleil se couche, les statues semblent accrochées dans le ciel, blanches et rugueuses comme la craie.

En se tenant près des rochers, on aperçois des fossiles d’organismes marins, des coquillages, étoiles de mer, algues… et des petites boules et baguettes noires, brillantes et lourdes, comme du plomb.

Ce sont des hématites.

Notre guide, Ahmet, nous conduit plus loin dans le désert. On doit vite dresser le camp avant que la nuit ne tombe, puis nous arrêtons au milieu de nulle part, comme on l’est déjà. Il nous demande si cet endroit nous convient, et nous propose de faire un tour pendant qu’il monte le campement. On s’éloigne en suivant les minuscules traces de fennec dans le bruit sourd de la nuit qui arrive. On s’installe sur les coussins et couvertures épaisses chamarrées d’orient, pendant qu’Ahmet prépare le dîner. Salades, fruits, poulet grillé…Nous sommes des rois. Quand la nuit est entièrement là, on voit, allongé dans les effluves de poussière sablée et de barbecue, les milliards d’étoiles parsemant le noir. De part et d’autre, sur les côtés, derrière et devant nous, des étoiles à l’infini. Aucun obstacle. Elles bougent, et certaines filent sans cesse. On voit la voûte céleste, le globe. Impossible de dormir, on se réveille sans arrêt. Quand vers 4 heures du matin, le jour commence à chasser la nuit, ça fait comme une perte immense. On nous a enlevé quelque chose, et c’est terminé, on part bientôt, les étoiles ont disparu.

On se hisse dans nos couvertures au sommet d’une montagne immaculée et on attend. On attend qu’il se montre, devant nous, dans la lumière aveuglante. Il est 5 heures. On médite, on respire la fraîcheur du nouveau jour. Soudain, exactement entre deux montagnes, il apparaît, phénix. Une ligne de feu. La naissance du monde. Tous les jours, la création. On se regarde en pleurant. Ahmet dort encore dans son sac de couchage près du 4×4.

Une fois le soleil assez haut dans le ciel, notre guide chéri nous prépare, à notre grande surprise, un superbe petit déjeuner.

Puis il est temps de partir. Nous regagnons l’oasis et pour nous consoler, retrouvons Gaby dans sa maison de pierres peintes par elle. Nous nous baignons dans sa petite piscine adorée, surtout par 40 degrés, et mangeons, encore en encore. Reghif, pain traditionnel, salade de tomates, Taâmeya, Mouloukhiyya, Bamiah… Etant d’origine arménienne, je retrouve en plus les saveurs orientales d’enfance, Dolma, baba ganoush…

Le Caire II - Gizeh

Retour à Cairo. L’hôtel a changé, beaucoup moins luxueux, nous voici dans un des plus vieux hôtels du Caire, le Windsor. Il est prévu d’y rester trois nuits, avant le départ pour Louxor. Direction bien entendu, Gizeh. Notre guide Mina, avec qui nous sommes en contact par WhatsApp, nous conseille de regrouper Gizeh et Saqqarah. Mais impossible, nous passerons 7 heures à Gizeh. Rien ne doit nous échapper, nous entrons dans toutes les pyramides, touchons la moindre pierre, respirons les énergies circuler à l’intérieur et autour de ces mystérieuses géantes. En les voyant trôner de toute leur masse, il est difficile d’imaginer que des hommes comme nous aient pu créer de pareilles montagnes…

Sur le plateau, nous nous fascinons par cette immensité des volumes. Si vieux et si monumental. A l’intérieur, c’est un sentiment tout autre qui nous habite. Entre couloir descendant abrupte, conduits exiguë, l’atmosphère y est moite et l’air difficilement respirable. On se sent vite à l’étroit. Pourquoi faire si grand pour si petit ? On ne peut que saluer la prouesse architecturale qui s’exprime au travers de ces blocs de granite parfaitement encastrés, ces lignes droites et ces angles droits de qualités. En sortir c’est renaître par cette bouffée d’oxygène qui nous remplit d’une fraîcheur salutaire. Nous parcourons le plateau de long en large, nous examinons chaque détail, chaque pierre. Nous évitons les sentiers trop touristiques pour finalement nous éloigner du brouhaha autours de la reine des pyramides. Avec le recul, elle n’en est pas moins majestueuse, bien au contraire. Drôle de constat que de voir d’un côté cette ville moderne et de l’autre ce désert sauvage et ses pyramides aux formes intemporelles. Lors de la descente de certains conduits, des sourires s’échangent et même parfois un WhatsApp ! Nous faisons la rencontre de deux jeunes égyptiennes en vacances au Caire. Nous comprendrons par la suite les difficultés pour elles d’envisager un avenir loin de leur famille malgré leurs rêves de voyages. Nos jambes rythment le périple, il est l’heure de quitter des yeux ces chefs-d’œuvre de l’ancien temps, qui sont, on ne le rappellera jamais assez, les dernières merveilles du monde antique encore debout.

 

Saqqarah, Dahchour

Le jour suivant, nous partons pour Saqqarah avec le complexe de Djéser, le Sérapéum puis à Dahchour avec la pyramide rouge et la pyramide rhomboïdale.

Notre guide est cocasse. Copte, il nous parle de sa religion, de sa femme et ses enfants. Il est guide oui mais ne sait pas grand-chose en réalité. Misogyne, nous lui faisons la remarque plusieurs fois et nous moquons un peu, goguenards.

Le Sérapéum

Voici une étape qu’il nous tarde de franchir, le Sérapéum. Il nous aura fallu beaucoup de patience pour imposer cette visite à notre guide. Complètement délaissé des touristes, ce lieu demeure pour nous un des plus grand mystère archéologique d’Egypte ! A voir donc pour les passionnés. C’est donc seul que nous nous dirigeons vers ce site sous-terrain.

Officiellement, le site est une nécropole dédiée au dieu taureau Apis. Ainsi, on retrouve 24 cuves de granite et basalte pesant jusqu’à 100 tonnes enfouies dans des galeries à 10 mètres sous terre creusées à même la roche. En résumé, en 1851 Mariette fit la découverte de 24 coffres dont 22 ouverts et vides. Un dans lequel aurait été retrouvé une momie (cela reste à prouver) et un scellé. Des momies de taureaux furent cependant trouvées dans des sarcophages en bois conçus aux proportions réelles de l’animal.

Cette nécropole est pleine de mystères et son étude passionnante !

Aucunes traces des lampes à huiles utilisées pour éclairer les galeries hautes de 4 mètres par endroit… Un seul coffre fut reconnu scellé mais après explosion de ce dernier à la dynamite, Mariette ne découvrit rien à l’intérieur. Un coffre sur les 24 comporte des hiéroglyphes sur ses parois qui déterminent donc la datation de l’entièreté du souterrain… Le niveau de travail des cuves est très poussé avec des angles droits, des arrêtes, des polissages parfaits. Les glyphes eux sont plutôt médiocres, grossiers comme s’il avait été ajouté bien après la construction de ces cuves. De plus, si les cuves sont censées accueillir des momies de taureau, pourquoi les faire aussi grandes ? Enfin, il est surprenant de constater l’aspect de certaines cuves qui ressemblent à de la pâte à modeler par endroit. Comme si ces pierres très dures auraient pu être, à un moment, malléables. Comment ces blocs ont-ils été fabriqués, traînés sous terre puis placés ici ? Un endroit passionnant donc qui restera un des meilleurs souvenirs archéologiques du voyage !

Puis, sans transition, nous partons pour la visite d’un merveilleux atelier de tapis à Dahchour. Hommes, femmes et enfants tissent ces fils de milles couleurs, aux imprimés majestueux, si justes et précis. S’ensuit le déjeuner chez une femme remarquable. Notre guide nous explique qu’il faut appeler les femmes par le nom de leur fils. Ni son prénom, ni son nom de famille, ni un équivalent de madame ? Cela nous donne bien sûr l’impression qu’elle n’existe qu’à travers leurs enfants. Plusieurs femmes s’affairent dans la maison perdue au milieu des dattiers et palmiers. Assis sur les banquettes comme des princes, nous avons le choix entre poulet frit, dolmas, mouloukhiyya, coussa, halva…

Le déjeuner terminé, nous sommes navrés de quitter cette famille avec qui nous souhaitions échanger davantage. Mais nos interrogations, principalement sur les femmes et l’éducation, ne sont apparemment pas au goût de notre guide, qui coupe court.

Direction la pyramide rouge et rhomboïdale : Elles seront encore plus captivantes que les reines de Gizeh, et surtout, bien plus difficiles d’accès. Des notions d’alpinisme ne sont pas de trop pour ces montagnes aux couloirs si escarpés, raides et étroits.

A la différence de Gizeh, les pyramides du plateau de Dahchour semblent trôner au milieu de nulle part, sur cette vaste étendue de sable. Abandonnées des touristes, la pyramide rouge et la pyramide rhomboïdale se voit de loin et sont restées pures. Pour combien de temps ? La première que nous visitons tient son nom de sa jolie couleur terre battue. Elle est plus tassée que Kheops mais est tout à fait remarquable et semble même plus grande. Peut-être est-ce dû au recul qu’il est possible d’avoir sur le plateau. Arpenter les couloirs de cette pyramide est une autre affaire. En descendant, on croise un jeune touriste à bout de souffle. Il vrai qu’il faut des mollets d’acier pour en venir à bout. Pour rappel, les couloirs descendant de Kheops mesurent 1,20 mètres de hauteur par 1,09 mètres de largeur sur environ 100 mères de longueur. Je ne pourrais pas dire avec précision si les dimensions sont les mêmes, seulement d’un point de vue du ressenti, il n’en est rien ! Plié en deux, le dos tape sur les blocs et vous découvrez l’existence de certains muscles jusque-là bien cachés. Les différentes chambres ne sont accessibles que par des escaliers en bois. On se pose malgré tout la fameuse question de l’utilité de ses géantes du désert… La pyramide rhomboïdale selon le guide et bon nombre d’égyptologues serait une erreur commise par les égyptiens. Problème d’angle et de charge, ils auraient donc dû recalculer la forme de la pyramide à mi-chemin. Force est de constater que le parement calcaire de cette dernière reste celui qui a le mieux perduré. Belle erreur en tout cas. Après une courte balade en quad autours de la pyramide, ce sont les jambes tremblantes que nous nous enfonçons dans cette dernière, seuls. Quel sentiment étrange que celui d’être abandonnés dans ce labyrinthe de pierre. Le long couloir de descente n’est cette fois qu’un amuse-bouche pour les centaines de marches qui suivent ! Des escaliers en bois parfois à 45° nous transfère de chambres en chambres, de tunnels en petits passages étroits. Claustrophobes s’abstenir, la route est longue et le sentiment de solitude se fait sentir. Nous arrivons enfin à la dernière chambre qui n’est pas la plus silencieuse puisqu’elle abrite une population inattendue dans un lieu si hostile : des chauves-souris ! Elles trouvent donc la sortie ! L’acoustique est propice aux vocalises. Après un moment à contempler notre excitation, nos angoisses, notre fascination, nous devons rebrousser chemin puisque la pyramide ferme. On a bien entendu droit à la mauvaise blague, lumière éteinte, porte qui se ferme…

Sur la route du retour avec notre guide, nous essaierons, en vain, d’en savoir plus sur sa vision de la place de la femme dans le pays. Nous tentons de lui expliquer ce dont nous avons été témoins au Caire : des jeunes filles voilées tenant le bras leur mère en niqab se faire héler et siffler dans la rue ; Ces étoffes religieuses ne sont-elles pas censées témoigner de la pudeur et de la vertu des femmes ? Pourquoi ces hommes se permettent-ils alors encore d’agir ainsi ? Nous avons vu des femmes se faire insulter dans le quartier le plus riche de la ville parce qu’elles portaient un jean, et le regard insistant de certains hommes si on ne daigne pas se couvrir les épaules ou la poitrine. En tant que femme, j’essaie de comprendre. Bien entendu, dans chaque pays musulman, je suis couverte. Un voile couvre mes cheveux et mes épaules ne sont pas visibles. (Sauf en cas de chaleur mordante dans les lieux touristiques). Il est évidemment capital de s’adapter à la culture du pays visité, en essayant d’abandonner la sienne un moment. Mais tout n’est pas culturel. La culture a bon dos, et la plupart des femmes rencontrées durant notre voyage évoquent rarement le choix, pas de porter le voile ou non, mais de se déplacer librement seule, de conduire seule, d’avoir les mêmes chances que les hommes…

Mais selon notre guide, chrétien, la condition des femmes en Egypte n’est pas discutable, elles peuvent faire ce qu’elles veulent, et bien entendu, elles sont libres. Nous ne sommes pas convaincus.

L’hôtel Windsor

On remarque beaucoup d’agitations dans le quartier de l’hôtel Windsor. Nous sommes à cinq minutes en voiture, mais impossible d’avancer d’avantage, toutes les routes sont fermées.

Nous faisons le reste du chemin à pied tant bien que mal. Le périmètre est sécurisé. Peut-être un accident, avec le genre de conduite ici, ce ne serait pas étonnant. Nous voyons un des membres du personnel de l’hôtel blessé au bras. On nous dit qu’on ne peut pas entrer pour l’instant, l’hôtel menace de s’effondrer, le sol sous l’hôtel s’est ouvert, les clients et le personnel ont dû être évacué d’urgence. C’est surréaliste.

Heureusement, aucun mort ni blessé grave. Il est environ 18 heures, nous avons notre vol le lendemain matin à 7 heures pour Louxor. Nous tentons de discuter avec un des membres de la société en charge des immeubles du Caire, Vinci. Il parle français. Mais cela ne règle rien, nous ne pourrons pas récupérer nos bagages (contenant papiers, argent liquide, matériels informatiques, médicaments etc.…) avant demain en fin de matinée. Si on arrive à les récupérer… Nous sommes relogés au Lotus, un hôtel 2 étoiles. La chambre est sommaire, la salle de bain davantage, un trou est fait dans le mur pour le passage de câble de la climatisation. Peu importe, nous sommes inquiets quant à nos bagages. On se résigne peut-être à partir pour Louxor et rentrer en France sans rien… Nous avons seulement carte de crédit et passeport sur nous. Par chance, nous arrivons à décaler notre vol pour le jour suivant.

Nous choisissons malgré tout de profiter de cette soirée. Dans les rues agitées où nous errons quelque peu déboussolés, un homme nous aborde. Une cinquantaine d’années, une dentition suspecte, une montre en or, des bagues et des chaînes clinquantes. Nous n’avons pas le cœur aux nouvelles rencontres de la nuit tombée, mais nous nous laissons porter. Il nous demande pourquoi nous avons l’air si accablés ; nous lui contons notre malheur.

Il nous répond que la vie est ainsi, que tout est bien et arrive pour une raison. Autant profiter de l’instant présent, rien ne pourra changer car ce qui est fait est fait, en revanche nous pouvons modifier notre état d’esprit et choisir d’être reconnaissant malgré tout.

Nous rentrons à l’hôtel pleins de ces énergies salvatrices. Notre nouveau compagnon de galère, Steve, un voyageur irlandais et la gérante de l’hôtel, nous signale qu’une personne sera là à 9 heures le lendemain pour retrouver les bagages des clients.

Ravis, nous sommes confiants. Tôt le jour suivant, nous sommes à l’accueil. 11 heures passent. On nous dit que la personne censée nous aider est coincée dans les embouteillages, mais qu’un membre du personnel se porte volontaire pour nous secourir ; il est déjà sur place. La dame de chambre, Imène, se propose de nous accompagner. Nous voilà sur la route, tous les quatre, Steve et Imène, en marche pour revoir nos chers effets.

La personne volontaire sur place, c’est Seif. L’homme à tout faire en quelque sorte. A plusieurs reprises, j’avais été distante avec lui, le trouvant étrange. Il voulait nous faire visiter l’hôtel, paraissait parfois intrusif et indiscret, mais l’était seulement par serviabilité et gentillesse.

Là, il était notre sauveur. En attendant, nous discutons avec Imène. Elle nous rassure, alors qu’elle se retrouve, à cinquante ans passés, sans emploi. Peut-être qu’un hôtel voisin pourra embaucher quelques membres du personnel, mais rien n’est sûr. J’allume une cigarette, des dizaines de paires d’yeux me dévisagent autour de nous. Elle pouffe. Ici, les femmes ne fument pas, c’est mal vu. Puis elle nous raconte sa vie en Egypte, son mari décédé… c’est difficile. Son sourire ne quitte jamais son visage radieux. Puis discrètement, elle nous confesse avoir un amant. Je l’embrasse exaltée, ravie pour elle. Mais elle me stoppe net, tant qu’elle n’est pas mariée, personne ne doit savoir. “A mon âge, je me cache encore”…

Nous sommes heureux pour Steve, qui retrouve sa valise rouge. Puis c’est à notre tour. Nous voyons sortir Seif une valise sur le dos, le reste des bagages sous les bras, tel un héros sortant des flammes.

Enfin. On se dit que même s’il n’y a pas tout, ce n’est pas grave. On se rendra compte qu’il a récupéré la moindre pierre souvenir dans la chambre, le chargeur téléphonique invisible derrière le lit, les produits de toilettes… La moindre machinette y est.

Nous sommes infiniment reconnaissants, et souhaitons le remercier. Mise à part lui donner quelques billets, nous nous sentons impuissants. Avec nos valises en main, nous continuons notre route. Une vie paisible nous attend, en raison, injuste, de notre nationalité. En voyage, la nationalité française est précieuse, plus que d’autres, aussi terrible soit-il de le constater.

Et qu’en est-il d’eux ? Nous avons l’idée de collecter des fonds afin de les aider en attendant qu’ils retrouvent un emploi. Cependant, nous savons que leur vie ne sera pas transformée. C’est au jour le jour que l’on voit venir, dans l’incertitude, l’avenir entre les mains du mektoub.

Nous quittons Seif et Imène, mélancoliques. Dernière nuit au Lotus, nous abandonnons définitivement le Caire le lendemain.

Louxor

Aux aurores, c’est le départ pour Louxor. L’hôtel est une surprise pour Adrien, nous logerons pour 3 jours, et nos derniers en Egypte, au Sofitel Old Winter Palace. Arrivés devant ces marches luxueuses, le faste nous attend. Nous constatons, béats, le fossé entre cet endroit majestueux et la population au dehors.

Karnak, Temple de Louxor

A peine les bagages déposés, nous embarquons immédiatement pour Karnak.

Un immense parvis de béton à traverser sous une chaleur intense. Au fond la porte de Karnak qui en impose par sa hauteur. Une fois arrivés face à elle, nous nous rendons compte que nous manquons d’un objet capital pour poursuivre la visite sain et sauf ; une bouteille d’eau. Après un aller-retour sous ce cagnard, nous sommes fin prêt à traverser les portes du temps.

Un florilège de hiéroglyphes, de salles hypostyles sont là pour nous faire oublier cette chaleur. Nous scrutons chaque détail comme pour déchiffrer l’indéchiffrable. Des bâtisseurs hors-pair certes mais quels artistes. Nous arpentons ce temple de géants jusqu’à la grande salle de 5000 mètres carrés aux 134 colonnes. La démesure nous inspire le respect et nous invite à la spiritualité. Nous rompons rapidement ce moment d’émerveillement par une courte séance de cache-cache et retournons aux détails en observant la différence de profondeur des hiéroglyphes aux différentes hauteurs des colonnes. Rien n’est laissé au hasard, parfois on peut y enfoncer la main entière ! Chaque chose à sa signification. Le soleil ne fait que sublimer la perspective des lieux où l’on ne peut que comprendre l’importance de son culteOn traverse ce livre ouvert, on observe les dessins qui remplacent les lettres d’aujourd’hui. La lecture doit être plus subjective et moins accessible. Cette culture est bien plus évoluée qu’on ne le pense. On se demande finalement dans quel sens va l’évolution. Et puis ces obélisques de granite qui pointent vers le ciel… A notre habitude, on s’éloigne de la foule pour contempler ces ruines. Nous capturons chaque instant dans nos mémoires pour ne rien perdre du voyage. Sur certains plafonds, après des milliers d’années, on aperçoit encore des couleurs éclatantes : lapis-lazuli, or, cuivre, poudre de marbre…  Il n’y pas grand-chose de comparable que de toucher du regard ce passé vaguement évoqué lors de nos cours d’histoire.

Les au revoir nous semblent de plus en plus douloureux. Il est temps pour nous de rentrer à l’hôtel. Un dernier regard vers ces perles d’architecture, toujours pleins d’émotions.

Nous passerons le jour suivant, coupables et épuisés, au bord de la piscine, et dînerons au restaurant chic de l’hôtel, le 1886.

Le Sofitel Old Winter Palace 5*

L’hôtel est immense, l’âme des explorateurs britanniques l’ayant construit en 1886 plane au travers de l’architecture victorienne et de l’opulente décoration. Il transpire dans les murs la grâce d’Agatha Christie, la noblesse de la famille royale d’Egypte et    de l’aventurier Howard Carter.

Jardins tropicaux luxuriants, terrasse nichée au milieu d’oiseaux exotiques, escalier monumental à double révolution invitent à la splendeur de la Belle Epoque.

Un havre de luxe.

Nous logeons dans une somptueuse suite face au Nil. Nous profitons de la douceur de cette journée au bord de la royale piscine, en ne pouvant pas nous empêcher de nous demander quelle vie est celle des membres du personnel aux petits soins pour nous, et remarquons que, malgré l’exaltation de ces moments d’opulences, ce n’est pas exactement notre conception du voyage. Nous profitons malgré tout, animés de ces réflexions nous permettant de remettre en question notre philosophie de l’ailleurs.

La Montgolfière

Levé 4h30. Un vol en montgolfière est prévu au levé du soleil. Sur un terrain vague, des dizaines d’aéronef attendent sur le sable. Je crains que le soleil se lève sans nous. A la hâte, nous grimpons dans le panier en osier. La chaleur… le bruit est assourdissant, les épaules brulantes. Ça y est, on décolle. Dans une lenteur vive, nous nous hissons vers le ciel. Nous ne lâchons pas des yeux l’horizon. Rien n’existe hormis ce ciel pastel du jour levant et de ces paysages vert et beige. Nous l’attendons. Puis, de nouveau, comme un rendez-vous, il apparaît, égal à lui-même. Nous sommes face à face. Sa lumière orange inonde les montagnes, une auréole se forme autour des ballons colorés. Comme scotchés dans le ciel, nous ne cessons de nous élever jusqu’à atteindre 600 mètres de hauteur. De là-haut, on peut voir la terre séparée par une ligne presque parfaite des montagnes. Dans les étendues de pierres sablées, on aperçoit le temple d’Hatshepsout, quelques habitations troglodytes et des paysans travailler la terre. La terre vue du ciel, c’est quand même autre chose; la bonne hauteur pour voir, finalement. Quelle merveille…

Trop vite, c’est le moment de descendre. En s’approchant du sol, des cavaliers à dos de mulets, des enfants, entre 4 et 13 ans galopent en notre direction et nous attendent. Quelques adultes sont là aussi, ils mendient. Une réalité terrible et taboue dans les pays à l’avenir incertain. Les touristes sont là pour voir le maximum de choses en peu de temps, et pour se changer les idées, ils ne veulent rien voir de dérangeant. Pourtant cela fait partie intégrante du quotidien du pays. C’est un témoignage de la pénibilité de la vie des habitants, qui luttent en permanence pour vivre.

Nous sommes démunis devant ces visages barbouillés, ces grands yeux encerclés de noirs sous de longs cils recourbés et ces bouches qui supplient, les mains jointes. A peine une main est portée à la poche ou le sac à main que c’est un attroupement. Une folie. Injuste. Impossible de contenter tout le monde. On repart, désolés, vers le véhicule, avec deux américaines. Une dizaine d’enfants nous précèdent en continuant d’implorer à travers la vitre qui s’élève cruelle, devant leurs mains implorantes, séparation ultime. L’américaine touche la vitre du bout des doigts, un sourire amusé. Elle est du bon côté.

Vallée des Rois, Temple d’Hatshepsout, Médinet-Habu et colosses de Memnon

Après un retour à l’hôtel vers 8h30 et un petit déjeuner à la hâte, nous partons pour la somptueuse Vallée des Rois, le Temple d’Hatshepsout et Médinet-Habu avec le jovial Marco, un gros monsieur plein de bonhomie et quelques dents manquantes.

Cette chaleur accablante et ces montagnes désertiques contrastent avec ce ciel couleur des flots. C’est ici, près de ce mont aux allures de pyramide que ce trouve des trésors. Les tombes n’ont pas grand-chose à voir avec les pyramides. Les touristes en sont friands car ce sont des joyaux colorés aux milles fresques évocatrices. Ce doit être la raison pour laquelle la plupart des guides ne vous poussent pas, à tort, vers des sites tels que Dahchour ou Saqqarah. En Egypte, plus l’architecture est ancienne, plus elle est complexe et minimaliste. Bien que les structures soient ici moins impressionnantes qu’ailleurs, la préservation de son art est sublime.

RAMSES IV

Lorsque l’on pénètre dans le long couloir humide, le temps nous est compté. Pas plus de 15 minutes dans chaque tombe ! Règle plus que frustrante mais nécessaire car la condensation détériore les hiéroglyphes. Encore aujourd’hui, nous ne savons pas reproduire des peintures dont la couleur est capable de traverser les âges. La restauration est donc compliquée. A gauche, à droite, des hiéroglyphes, au plafond, des cartouches, des frises, des ciels étoilés. Une explosion de couleur, un véritable voyage dans le temps. On aperçoit la déesse du ciel Nout au plafond, magnifique fresque, sublime légende. Selon les traditions, le corps de Nout se déploya au-dessus de la terre pour la protéger ; ses membres qui devaient toucher le sol symbolisent les quatre points cardinaux. Elle fait de plus figure de mère des astres. On croyait que le Soleil disparaissait le soir dans sa bouche pour voyager la nuit dans son corps et au matin réapparaître dans son giron, à l’Est. Au cours d’un cycle éternel, les étoiles traversaient également son corps pendant le jour. Il est temps de quitter cette atmosphère cuisante pour visiter la prochaine tombe.

RAMSES III / RAMSES IX

Ici, les hiéroglyphes sont gravés dans le plâtre, plus malléable. Les couleurs sont réalisées à partir de pierres précieuses mais le mélange reste inconnu. On voit ainsi que chaque hiéroglyphe possède sa propre couleur. Et elle à son importance puisqu’elle change le sens du glyphe ! Nous imaginons donc la complexité de la traduction lorsque la couleur est absente (ce qui est le cas la plupart du temps) et donc la difficulté d’en comprendre le sens aujourd’hui. L’art était donc, il y a des milliers d’années, un moyen d’expression de premier plan pour la transmission de message. Nous nous sentons tout petits. Il faut s’imaginer tous ces ouvriers-artistes affairés à peindre les détails du bec de la chouette, les rainures des ailes de l’abeille ou bien les fleurs du plastron du Pharaon. Cela donne le vertige et nous pousse à l’admiration.

Il est temps de quitter les rois pour LA reine des reines, ou plutôt, LA Reine Pharaon : Hatshepsout.

Devant le légendaire temple de Deir-el-Bahari, nous mesurons, au travers du travail d’architecture, le caractère de cette femme stupéfiante. Reine ou plutôt pharaon, elle régna durant 22 ans sous la Neuvième dynastie du Nouvel Empire (1479-1457 avant notre ère).

Bien que ce temple soit en grande partie une reconstruction plus récente, il n’en demeure pas moins impressionnant. Il apparaît comme la porte d’entrée de cette montagne. C’est peu de le dire lorsque l’on apprit que la reine avait effectivement fait creuser la montagne jusqu’à l’autre versant. Nous ne cessons d’être émerveillés par le génie et le dévouement des égyptiens de l’époque.

À la mort de son mari Thoutmôsis II, Hatshepsout, la fille aînée du pharaon Thoutmôsis Ier devient d’abord régente de la 18e dynastie. Alors que son beau-fils Thoutmôsis III est en âge de régner, elle prend le titre de pharaon, avant de régner pendant plus de 20 ans. À sa mort, Hatshepsout est enterrée dans la Vallée des rois. Thoutmôsis III mena 20 ans plus tard une campagne de grande envergure pour détruire son héritage. Il fera ainsi détruire ses statues, dégrader ses représentations et effacer ses cartouches. Vengeance, misogynie, orgueil ? Il y à priori des problèmes sociétaux qui traverse les âges…

Hatshepsout est malgré tout l’une des premières femmes pharaons de l’Égypte antique. Elle va même porter le postiche et apparaître en homme sur certaines statues et pétroglyphes !

A Médinet-Abou, au détour des ruines du temple de Ramsès III, nous tentons d’interroger Marco sur ces connaissances à propos des pyramides. Nous lui confions avoir des doutes quant à la théorie des tombeaux. Il confirme, mais reconnait ne pas en savoir plus… C’est déjà un grand pas. Il est très difficile de discuter de ces mystères archéologiques avec les égyptiens. La culture et le business qu’elles génèrent sont sacrés.

Dernier détour par les colosses de Memnon. Au milieu de nulle part, ces deux jumeaux semblent être les gardes d’un temple fantôme. Lorsque l’on sait qu’une seule statue mesure près de 19 mètres avec un poids de 1300 tonnes taillé en un seul bloc de quartzite (pierre très dense) et fut transportée sur 600 kilomètres depuis la carrière, ces figures énigmatiques gagnent notre intérêt et forcent le respect.

Le dernier soir

Retour à l’hôtel, c’est notre dernière nuit en Egypte. Nous dînerons chez Sofra, ravissant restaurant à la décoration coloniale. Les 15 minutes à pied séparant l’hôtel et le restaurant ne sont pas simples. Seuls touristes dans une agitation débordante, il nous est impossible de faire quelques pas paisiblement. Un jeune homme en calèche nous dit qu’il est dangereux de marcher seuls ici la nuit. Il nous parle de sa situation, du gouvernement, du manque de moyens, des touristes déserteurs… Nous lui tendons, misérables et impuissants, un billet qu’il n’acceptera pas.

Nous acceptons finalement qu’il nous dépose pour une dizaine de mètres, et lui promettons avoir besoin de ses services au retour.

Nous nous installons alors autour de sublimes tables rondes immenses, un grand plateau en métal au milieu. Le cœur est gros, les yeux humides, la chaleur lourde.

L’amabilité du personnel nous redonne le sourire le temps du dîner. Pastilla, Daoud basha, Khodar makly, Saniyet kofta, Haman Mahshi, Tagin, Koushry, Roz bil haleeb… Nous trompons notre amertume dans la nourriture, une bonne partie de la carte y passe. Puis nous ne sommes pas seuls, nous savons que quelqu’un nous attend dehors.

Nous retrouvons Ali et son cheval, lui aussi fatigué. A mi-chemin, un ami d’Ali se hisse à nos côtés. Il sent le hashish, et ne tarde pas en nous en proposer. Evidemment, nous ne prenons pas le risque, sa consommation dans le pays expose à un moins un an d’emprisonnement, et nous sommes en plein centre-ville. Nous déclinons à de multiples reprises, même si, disons-le, ce n’est pas l’envie qui manque.

Nous redoutons le moment où Ali nous déposera devant cet hôtel grandiose. Nous voulons nous justifier : ce n’est pas notre vie, surtout pas notre quotidien, nous ne sommes pas riches chez nous tu sais. Chez nous… Mais à quoi bon ?

Nous sommes finalement soulagés d’être arrivés sains et saufs après cette épique soirée.

Pour la dernière nuit, changement de décor, nous logeons dans une chambre plus petite mais pas moins ravissante, le balcon dans les arbres. Nous nous émerveillons de tout, conscients du réveil difficile qui nous attend.

Le départ

7 heures, l’heure du départ. Nous rendons les clés pour quitter ce majestueux endroit, un dernier regard vers le lustre et l’escalier.

Après maintes péripéties pour obtenir un taxi, la rue étant bloquée, on nous arrête à quelques minutes à pied de l’aéroport. La police est particulièrement regardante ce jour-là. Nous serons coopératifs comme toujours. Les premiers portiques passés, l’intérieur de nos valises suscitent l’intérêt en raison des pierres qui s’y trouvent provenant du désert. On nous les fera ouvrir à plusieurs reprises, nous empêchant de nous enregistrer. Un douanier me demande d’ouvrir ma trousse de toilette. Il a l’air subjugué par ce qui s’y trouve, et regarde d’un œil libidineux tous les échantillons, élastiques, soins, gel douche, crème…Ce qui lui apparaît visiblement comme féminin. Commençant à perdre patience, dans l’agitation j’égards mon passeport, tombé au fond de ma valise.

Devenue erratique, je reste soudain coite au milieu de l’aéroport blanc et froid. Et éclate en sanglots. Ce furent mes adieux à ce sublime pays.

Assis là à attendre l’enregistrement, nous sommes comme deux fantoches, la peau tirée par la fatigue et le soleil, les yeux embués et les lèvres gonflées comme des enfants ayant trop pleuré.

Une sensation nouvelle, la hâte de se sentir sur un sol familier, d’être en sécurité, mais la fin d’une aventure. Et nous le savons trop pourtant entre voyageurs, la soif d’odyssées nouvelles est plus vive que jamais, peu importe ce que cela en coûte.

On repart quand ?

 

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