Se faire la malle et hisser les voiles

"Ailleurs" est un mot plus beau que "Demain" (Paul Morand)

Pour la petite histoire, je connaissais quelqu’un qui cherchait un aide de pont sur un voilier 17 mètres, ayant déjà fait de la voile, il ne m’a pas fallu davantage pour refaire mes sacs et chausser mes bottes.

Départ le 1er avril 2022 depuis la gare du Québec (pas de poisson d’avril…) .

Arrivé fin de journée à Montréal, y passer la nuit pour sauter le lendemain matin dans le train à destination de Toronto. Là c’est une autre affaire, dans le sens où, le train pour traverser le Canada est plus imposant et plus authentique. Etant passionné d’histoire, je ne peux m’empêcher de penser à ceux qui vivaient ici bien avant l’arrivée des européens : les peuples des Premières Nations. La définition du voyage avait une autre dimension (oui, une dose d’humilité est toujours nécessaire à notre époque).

Puis, ceux qui ont “pensé” ce tracé ferroviaire, ceux qui l’ont construit et nous qui en avons hérité.

Pour les férus d’histoire comme moi, parlant français comme moi et intéressés par l’histoire du Canada, je ne peux que vous suggérais les livres de l’anthropologue québécois Serge Bouchard. Notamment la série “les remarquables oubliés” Tomes 1 à 3.

Les podcasts == https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/grandes-series/4598/de-remarquables-oublies-les-pionniers

Les livres == https://luxediteur.com/catalogue/elles-ont-fait-lamerique/ (site de l’éditeur)
Wiki == https://fr.wikipedia.org/wiki/De_remarquables_oubli%C3%A9s

Pour ceux que ça intéressent, je m’en suis tiré pour 300 $CA (environ 200 €) pour un aller simple en “4ème classe”, qui est déjà très bien. Pas de train couchette à ce tarif mais des sièges qu’on peut “allonger” légèrement pour dormir quand y a pas un mini-humain qui braille 🙂 Pour ça, les bouchons d’oreille sont tes meilleurs amis. Il faut compter 4 jours de trajet avec différents arrêts plus ou moins longs, tout dépendamment  de l’importance de la ville où le train s’arrête. Edmonton sera toujours plus long que Sioux Lookout (Ontario).

Site de Via Rail Canada https://www.viarail.ca/fr/decouvrez-nos-destinations/trains/rocheuses-et-pacifique/toronto-vancouver-le-canadien

J’avais déjà traversé une partie de l’Inde en train, et là-bas, monter dans un train est déjà un voyage en soit. Ceux qui l’ont fait, comprendront !

Ici, la taille du pays et les paysages étaient tout aussi excitants. La photo ci-dessous n’est pas de moi, avec l’aimable non participation de ViaRail Canada 🙂

Trajet et arrivée à Vancouver

A bord du train, il existe des voitures (ou wagons ) dites panoramiques, où l’on peut s’installer temporairement pour apprécier la vue, et quelle vue !

Surtout dans les forêts du Nord Ontario et quand t’approches les Rocheuses (après l’Alberta).

Donc bien évidemment, je me repassais en tête le voyage de Lewis et Clark mais surtout Sacagawea qui les guidait. Car oui, bien souvent l’exploit des femmes est effacé par l’empreinte des hommes.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sacagawea

Ici en-dessous, durant l’arrêt à Jasper, Alberta. Et au-dessus, quelques heures après le départ.

West is the best

Au terme d’une “ride” de 4400 kilomètres, j’arrive à la Pacific Central station de Vancouver, il est 6h du matin, j’ai presque pas dormi, j’ai sûrement bavé comme un bébé, j’ai pas pris de douche mais c’est génial ! Qu’est ce que la douleur physique à côté du bonheur ? (Celle-ci elle n’est pas de moi mais des Inconnus).

Après un café et un bon bol d’air pur citadin, je file visiter le MOV (Museum of Vancouver) où il y a une exposition hommage à la communauté asiatique canadienne.
Je suis aussi tombé sur une pièce vraiment belle, dans tous les sens du terme, il s’agit d’une fresque (j’ignore si c’est le bon terme, amis artistes, pardonnez-moi) réalisée par Kent Monkman intitulée “The Scream” en hommage aux enfants autochtones enlevés à leur famille. Je mets un lien si ça vous intéresse (books/kent-monkman/key-works/the-scream/).

Avant de quitter Vancouver, un tour s’impose au marché public de Granville Island pour me repaitre avant de repartir (https://granvilleisland.com/fr). Après quoi, direction Cortes island (https://www.aci-iac.ca/art-).

Train-bus-ferry-chaussures

Depuis le marché public de Granville où j’ai pris 2 kilos en 20 minutes, je m’oriente direction Horseshoe bay pour embarquer à bord du ferry à destination de la ville de Nanaimo, sur Vancouver Island (https://granvilleisland.com/fr/marche-public)

De là, je prends un bus desservant toute l’île, le mien sera pour le nord, direction Campbell River pour environ 1h30 de route.

Arrivé à Campbell River, y a des campings vraiment beaux aux alentours, pour y avoir été à un autre moment. Il me faut ensuite attendre le ferry qui dessert les îles Quadra et Cortes (navigateur espagnol Quadra qui a exploré la région et Cortes, l’espagnol qui a conquérir le Mexique). Ces îles font partie du territoire des premières nations We Wai Kai, Kwiakah, Homalco et Klahoose (https://wewaikai.com/, https://www.klahoose.org/, https://www.kwiakah.com/, https://www.homalco.com/).

Je fais un stop de quelques jours sur Quadra Island et plus précisément à Heriot Bay pour faire le plein de nourriture ; vin rouge, riz et cardamome. Grosse gastronomie (http://truvaluefoods.com/), ça c’est la “supérette” locale qui fait office de banque, boulangerie, débit d’alcool. Puis visiter le “centre” village qui est vraiment beau, ambiance bien relax ici. La pizzeria est franchement bonne (The Clove), n’en déplaise à ma famille de Sicile (mi scusi!).

J’embarque à nouveau en ferry pour rejoindre mon ami sur Cortes Island. Cette photo là, c’est le spot qu’on s’est trouvé pour passer la nuit, pas moche hein ?

La sainte trinité : un archipel, la montagne et le silence

Arrivé à Cortes Island, on vérifie la météo, on fait charge pleine des équipements de sécurité; Beacon, GPS, une dernière lessive si besoin et par dessus tout, une dernière douche, oh douche mon amour ! Parce qu’après, ça va être plongeon dans l’eau glaciale des “fjords” locaux.

Ça, c’est le site de la marina sur Cortes Island, ils ont un restaurant bien sympa (oui j’aime la bouffe, https://www.thegorgeharbour.com/).

Lundi matin, nous voilà parti pour Desolation Sound. Ces paradis du bout du monde.
Initialement habitée par le peuple Salish qui fait les premiers relevés carto en 1792. Le nom désolation, fait allusion au fait que les européens ne voyaient pas le potentiel de colonisation dans cet endroit-là. Heureusement pour Dame Nature me direz-vous.
Le lien du parc (https://bcparks.ca/desolation-sound-marine-park/).

En voici quelques clichés :

Prendre la clé des vagues

Le parc marin de Desolation Sound, fait partie de ces endroits où la beauté s’est cachée de la frénésie monde. A quoi bon chercher un cinq étoiles quand il y en a 5 milliards dans le ciel !

Si vous êtes ou planifiez d’aller en Colombie-Britannique, je vous conseille fortement de visiter ce coin de paradis. Ne serait-ce que les îles alentours, pour les communautés qui y vivent, l’ambiance relax et insulaire. Ne serait-ce pour voir la Colombie-Britannique, car ça ne se résume pas à Vancouver évidemment (https://bcparks.ca/desolation-sound-marine-park/).

Après ces 2 semaines de navigation et de douce météo, je repars la tête pleine de souvenirs, d’odeurs de feux de camps, d’observations de la faune locale, de chants d’oiseaux, de bruits de clapotis des vagues sur la coque, bref, j’ignore si je vous ai donné envie d’y aller mais ça m’a donné envie d’y retourner. C’est ce qui est beau avec les voyages, tu les vis 3 fois : quand tu le prépares, quand tu le savoures et quand tu t’en rappelles.