Le sentier d’Abraham, à la découverte de la Palestine

le sentier d'abraham en palestine
Un seul mot me vient à l'esprit lorsque je pense à ce voyage : bouleversant. Bouleversant par ses paysages variés, bouleversant par la gentillesse et l'accueil des Palestiniens, bouleversant par son histoire et sa situation géopolitique.

  Trek sur le sentier d'Abraham

Informations sur le voyage

  • Durée : 10 jours
  • Nombre de voyageurs : Entre ami(e)s
  • Budget par personne : 1375 euros €
  • Budget utilisé pour :
    • Vol ou transport
    • Logement
    • Activités
    • Visites
    • Food & drinks
  • Itinéraire : 1: Palestine
  • Logement(s) recommandé(s) :
    • hotel de Béethlem
  • Ce voyage a été organisé par : Point-Voyages

 

appareil photo olympusC’est une parenthèse hors du temps proposée par l’agence Point-Voyages, une escapade dans nos vie permettant de mieux comprendre et de mieux cerner le conflit israélo-palestinien. Mais c’est aussi la découverte d’un peuple, quelquefois fatigué et résigné par la situation, mais d’un accueil certain.
Outre le tourisme religieux qui existe depuis très longtemps, attirant plus de 2 millions de personnes à Bethléem chaque année, le voyage d’aventure fait son apparition en 2016. Kévin Girard, dirigeant de Point-Voyages, prit le pari de proposer cette destination et d’y proposer une aventure riche mêlant trekking, histoire, culture et géopolitique.
Cette destination fut possible grâce au travail colossal de l’AFRAT, et TETRAKTYS, deux organismes réciproquement basés à Autrans et Grenoble. Il s’agit de deux ONG proposant une aide au développement touristique et économique en France et à l’internationale. Grâce à ces trois entités, le sentier d’Abraham est né.

Le sentier d’Abraham, qu’est-ce que c’est ?

Grand gagnant de la première édition des treks de l’année, organisée par Trek magazine en 2018, le sentier d’Abraham organisé par Point-Voyages est un chemin de randonnée parcourant toute la Palestine du nord au sud et dévoilant ses plus grandes richesses.
Entre champs d’oliviers, collines hautes de 900 m d’altitude, paysages désertiques, monastères perdus en plein milieu de canyon, et vues sur les montagnes jordaniennes et de la mer Morte ; la Palestine nous offre une magnifique diversité.
Son histoire très ancienne, ses villes millénaires et sa place centrale dans le monde -notamment religieuse – rajoutent à ce voyage une dimension supplémentaire du simple trekking.
C’est dans cette diversité que nous avons randonné une partie du sentier, sur le nord du pays. Au départ de Sanur, notre première étape ralliant Sebastia était l’une des plus dures du sentier. En effet, deux monts se dressaient en face de nous sur une distance de 15,5 km et environ 700 mètres de dénivelé : Les monts Bayzeed et Hureish.
Les paysages étaient méditerranéens. Nous serpentions le sentier à travers les très nombreux oliviers où nous avons croisé un troupeau de chèvres avec trois bergers et leurs ânes. Nous nous sommes arrêtés pour les saluer et après avoir fait rapidement connaissance, un des bergers nous a surpris avec un concert de flûte privée sur la montée du mont Bayzeed ; ce moment fut magique.
Les deux points culminants de cette journée étaient en réalité deux lieux Saint, en ruine, où certains pèlerins viennent habituellement pour s’y recueillir et prier.
En fin de journée, enrichie d’un très beau coucher de soleil, nous sommes entrés dans le village historique de Sebastia. Nous avons été très bien reçu dans la Al-Kayed Palace guesthouse avec un excellent diner palestinien.
Ce palace Ottoman a été construit au XIXe siècle et surplombe les milliers d’années d’histoire de Sebastia. En effet, ce village Palestinien possède de nombreux sites très anciens et historiques.
Au centre de la ville, la mosquée Nabi Yehia est assez bien conservée. C’est une ancienne cathédrale dédiée à Saint Jean-Baptise, construite par les croisées en 1165. On y retrouve un musée avec notamment des objets datant de l’époque byzantine et des croisées.
Le lendemain matin, après avoir visité cette mosquée, nous avons exploré les ruines du temple d’Hérode, d’un stade romain, d’un théâtre et d’un marché où les restes de hautes colonnes sont encore conservées. Après cette plongée dans une époque très ancienne, nous avons repris la route du sentier en direction de la célèbre ville de Naplouse. Lors de ce deuxième jour, nous traversions plusieurs collines en croisant, là encore, quelques bergers accompagnés de leurs moutons et de leurs chèvres.En haut de l’une de ces collines, se dressait une ruine: il s’agissait du sanctuaire Cheikh Sho’leh. Nous avons pu y admirer la vue des collines et des villages alentours après avoir grimper ses quelques marches.
L’étape du jour se terminait à Naplouse. Le temps de déposer nos sacs dans notre hôtel du soir, nous repartions aussitôt pour découvrir cette ville. Au programme du soir: balade dans les petites ruelles du souk, dégustation du fameux knafeh palestinien et visite d’une fabrique de savon. Naplouse est une ville millénaire, chargée d’histoire. Fondée en l’an 72 par les romains, elle fut notamment une ville importante du royaume de Jérusalem lors de l’époque des Croisés, mais elle passa aussi de main en main entre les byzantins, les arabes, les ottomans, les britanniques et les Jordaniens. Ces 2 000 ans d’histoire, nous les avons retrouvés dans l’architecture des bâtiments de la vieille ville.
Le lendemain matin, nous quittions tôt Naplouse, cette ville pleine de vie, pour retrouver la plénitude des collines palestiniennes. L’objectif de notre quatrième jour de randonnée était d’atteindre Kufr Malek.
Au loin, sur les hauteurs des collines, nous apercevions les colonies israéliennes. Après un passage dans le village d’Aqraba, nous nous sommes arrêtés un peu plus loin, à l’extérieur de la ville, pour déjeuner. De là où nous étions, nous distinguions au loin la mer Morte, la Jordanie et le désert de Judée. C’était un magnifique panorama, tellement différent de ce que nous avions déjà vécu. Cela réveilla en moi une émotion, si singulière à la randonnée : la surprise de voir un paysage majestueux, sorti de nulle part; ce changement brutal de paysage nous procura la sensation qu’un nouveau voyage commençait.
Après cette pause, nous avons repris la marche en direction de Kufr Malek où nous allions dormir le soir. Nous avons traversé plusieurs petits villages l’après-midi. Les locaux que nous croisions nous offraient le thé pendant que les enfants, toujours le sourire aux lèvres, venaient nous voir en nous demandant de les prendre en photo. Le soir venu, nous avons été reçu comme des rois par un diner copieux et appétissant, préparé par notre famille d’accueil; après avoir passé la soirée avec eux, nous nous sommes rendus dans nos chambres, pour reposer nos jambes et nos esprits.
Le jour suivant fut marqué par la visite du monastère Saint George, situé dans la vallée de Wadi Qelt, non loin de la ville de Jericho.

Nous avancions dans un paysage désertique avec comme principal décor, de petites montagnes de couleur or. Le soleil tapait dans le dos mais la température était clémente. Après avoir traversé une route et quelques centaines de pas plus tard, apparaissait peu à peu, en contre bas et dans un canyon creusé dans la montagne, le magnifique monastère de Saint George. Littéralement incrusté dans la roche de la montagne, ce dernier rendait le paysage encore plus beau et mystique. Nous nous prenions presque pour Indiana Jones découvrant l’arche perdue. Je profitais de chaque instant pour admirer cette vue et ce monastère perdu au milieu de nulle part. Celui-ci date du IXème siècle, il est aujourd’hui tenu par des moines Orthodoxes.

Après en avoir fait la visite, nous sommes partis pour le camp bédouin de Sea Level où nous allions passer la nuit.
Nous avons atteint le camp peu avant le coucher de soleil. Situé entre Jéricho et Jérusalem, Sea Level est un camp où une centaine de bédouins Palestiniens vivent, avec simplicité. Le soir, nous nous sommes rejoints dans la tente principale avec une famille, pour partager un repas. Le moment fut convivial: entre nourritures, danses locales et discussions autour d’un thé, vivre ce moment fut un véritable privilège. L’homme de la famille nous ayant reçu fut notre guide le lendemain jusqu’à Jebel El baba, village proche de Jérusalem.
Il s’agissait pour nous de notre cinquième et dernier jour de marche à travers le Nord de la Palestine. Cela a été pour moi l’un des plus beaux jours par la beauté des paysages. Nous avons traversé une partie du désert de Judée. La météo venteuse et pluvieuse rajoutait un coté dramatique au moment. Nous nous rapprochions en effet de l’une des plus imposantes colonies Israéliennes, avec pas moins de 45 000 habitants; nous offrant l’illustration d’une des parties du conflit.
Cette terre chargée d’histoire l’est encore à l’heure actuelle, et cette ambiance, pimentée par cette météo menaçante, procurait un mélange d’émotion encore plus troublant.
Ces cinq jours de randonnée sur le sentier d’Abraham à travers le Nord de la Palestine furent une remarquable expérience à vivre. Je retiendrais qu’une des plus grandes richesses de ce pays est sans nul doute l’accueil et la gentillesse des Palestiniens.
Des enfants nous sollicitant pour les prendre en photo, jusqu’aux personnes âgées contant leur vie et leurs anecdotes, en passant par les guides qui connaissent si bien leur pays ; nous avons été, là encore, bouleversés par leur incroyable hospitalité.
aerial view of city buildings during daytime

Interview réalisée le 10 février à Bethléem :

Nous avons eu la chance d’être guidé pendant tout notre voyage par la seule femme guide de randonnée du pays. Formée par l’AFRAT, Shorouk Manassra a 23 ans et guide des groupes de point-voyages.
Rencontre avec cette jeune fille courageuse, aimante de son pays :
Guillaume Labergerie : Peux-tu te présenter rapidement ?
Shorouk Manassra : Je m’appelle Shorouk, j’ai 23 ans, j’habite à Beni Naïm, village situé à l’est d’Hébron. J’ai étudié la littérature anglaise et française à l’université d’Hébron. Je parle donc arabe, anglais et français. J’ai réussi, ensuite, le diplôme de guide de trekking toujours à l’université d’Hébron en coopération avec le sentier d’Abraham. Je travaille, aujourd’hui, comme guide de randonnée sur le sentier d’Abraham.
GL : Tu es une des premières femmes à être guide en Palestine, pour quelles raisons fais-tu ce métier ?
SM : Je ne l’ai pas choisi par hasard. J’ai décidé d’être guide de randonnée car c’est un métier plein de responsabilité et afin de représenter mon pays ainsi que de donner une réelle image de la Palestine.
GL : Quelle sont les difficultés que tu rencontres en pratiquant ce métier ?
SM : Pour les femmes, comme moi, c’est difficile d’être guide de randonnée car nous vivons dans une société masculine d’autant plus que je suis musulmane et que je porte le voile. Ce n’est pas facile d’accompagner les groupes (de voyage) à certains moments. Par exemple, lorsque nous allons visiter une église chrétienne, certaines personnes peuvent me regarder bizarrement. Le fait également d’être avec un groupe de personnes étrangères pendant 1 semaine ou 10 jours peut être mal vu.
GL : Que signifie être une femme en Palestine aujourd’hui ?
SM : Malgré le fait que nous vivons dans une société masculine, les femmes en Palestine jouent un grand rôle dans différents domaines. Ce sont les femmes qui s’occupent des enfants et elles ont beaucoup de responsabilité à la maison, mais elles étudient aussi à l’université et travaillent par la suite.
GL : Que représente le sentier D’Abraham pour toi ?
SM : J’adore le sentier d’Abraham, car sans celui-ci, je ne serai pas là où j’en suis. Le sentier d’Abraham m’a donné l’occasion de découvrir mon pays. Chaque jour, quand je marche sur le sentier, j’apprends et je découvre beaucoup de choses. Cela me fait de plus en plus aimer mon pays. Je suis vraiment très reconnaissante du sentier d’Abraham.
GL : Comment vois-tu l’avenir en Palestine ?
SM : La paix pour les palestiniens !
J’espère que les gens changeront leur vision sur la Palestine et que le conflit s’arrange. Nous sommes un pays qui aime la vie. Une des choses les plus importantes pour moi est de changer l’image de la Palestine. J’espère que beaucoup de touristes viendrons ici pour se rendre compte de la vie quotidienne des Palestiniens. Nous sommes aussi un peuple éduqué et très accueillant.
GL : Quelles sont tes rêves personnels ?
SM : J’espère connaître mon pays sous une autre situation. J’aimerai mieux parler le français et l’anglais pour communiquer avec des personnes d’autres horizons et d’autres cultures. Je souhaiterais aussi voyager à l’étranger pour développer mon ouverture d’esprit. Lorsque je rencontre des gens de nationalités différentes, mon esprit s’enrichît. Je souhaiterai visiter l’Italie, la France et la Turquie… mais j’aime aussi beaucoup mon pays.
Guillaume Labergerie

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