4 jours sur les plus belles routes d’Écosse

Luss, le plus beau village d'Écosse

Il est 7 heures du matin quand je dégivre le parebrise de ma voiture stationnée devant une chaleureuse ferme familiale du village d’Alexandria où j’ai passé la nuit. En face, un troupeau de moutons me regarde avec une curiosité déconcertante. Au programme de la matinée, la visite du plus beau village d’Écosse : Luss et ses environs. Après environ une demi-heure de route, de somptueux paysages montagneux se dessinent progressivement sur la route A82 qui longe le Loch Lomond, « Loch » signifiant « lac » en gaélique écossais. Après une conduite parfois maladroite (il faut un peu de temps pour s’acclimater à la conduite à gauche), j’arrive à Luss.

Le soleil perce timidement l’épais brouillard sur le lac, le village est très calme, je m’aventure sur la plage de galets et je suis déjà stupéfait par les magnifiques montagnes enracinées de l’autre côté du lac. Plus loin sur la plage, un groupe de locaux pratiquent le yoga assis en tailleur face au décor paisible et vivifiant. Je m’aventure dans les étroites ruelles du petit village, prenant discrètement des photos des maisons en pierre. Je ne croise pas grand monde, si ce n’est qu’une vieille dame qui me salue en promenant son chien.

Pour visiter Luss, il ne faut pas compter plus de 30 minutes, c’est vraiment minuscule. Visiter le cimetière qui surplombe la plage de galets, saluer les canards et déguster un London Fog à la cannelle en admirant les petits bateaux de plaisance qui naviguent lentement sur le lac, quoi de mieux pour un réveil en douceur.

Le village de Luss reflète parfaitement l’image que je me faisais des petits bourgs écossais, maisons en pierre, vieux cimetières, églises gothiques, jardins à l’anglaise et petites boulangeries parfumées à l’Earl Grey et aux scones fraichement sortis du four.

En repartant, deux énormes bus remplis de touristes arrivent sur le parking. Je conseille vivement de visiter le village tôt pour en saisir l’atmosphère tranquillement.

Je continue de longer le lac en direction de Glencoe, la route est parfois étroite, attention aux écarts, surtout quand on n’a pas l’habitude de rouler à gauche. Au fur et à mesure que j’avance sur la route, le paysage se dégage devant moi, laissant place à d’immenses étendues de montagnes aux couleurs dorées.

Sur la route, je m’arrête pour prendre en photo une petite maison blanche posée dans ce décor désert, recouverte par un épais brouillard. C’est ça l’Écosse que j’imaginais !

Glencoe, la reine des Highlands

Il est environ midi quand j’arrive dans la petite bourgade de Glencoe, je me stationne au Glencoe Visitor Centre – National Trust for Scotland, où débutent des sentiers de randonnées. La région de Glencoe est notamment connue pour le Ben Nevis et le Pap Glencoe qui offrent des points de vue spectaculaire sur la vallée. Malheureusement, je n’avais pas le temps, et peut-être pas assez d’énergie pour gravir une montagne pendant 5 heures sous une pluie battante. Néanmoins, après une soupe et un sandwich végan dégusté au Visitor Centre, je décide d’emprunter un sentier pour explorer les alentours. La boucle est très facile, il suffit de suivre les segments bleus. Dès les premiers mètres, on peut admirer une magnifique reconstitution d’une chaumière, un petit voyage à travers l’histoire qui colle bien avec le paysage. Après une petite heure de marche à travers les forêts de pins, je retourne sur le parking de ma voiture et je décide de me diriger vers Fort William.

Sur le chemin, je croise un petit troupeau de vaches aux poils longs, portant le même nom que la région des Highlands, je les adore !

Poudlard Express et lacs magiques

Avant d’arriver à Fort William, je pose mes valises à mi-chemin dans l’auberge-restaurant, Roam West à Inchree. Ici, je peux faire sécher mes vêtements trempés, rencontrer quelques locaux et déguster un savoureux haggis vegan au coin du feu. Le gérant de l’auberge est très sympathique et à un sens de l’humour très british. Le lendemain, le réveil sonne à 7 heures, excité par cette nouvelle journée, je me dirige vers Glenfinnan pour réaliser un rêve d’enfant : photographier le Poudlard Express ! Sur la route vers Glenfinnan, le paysage est magique, mais familier. Ces collines lisses recouvertes d’herbe dorée me rappellent des souvenirs d’enfance, ce sont celles filmées dans les premiers opus de la saga Harry Potter.

Pour avoir la chance de photographier le Poudlard Express, il faut se rendre au Viaduc de Glenfinnan, à environ 40 minutes à l’ouest de Fort William. Le train passe 2 fois par jour dans le « bon sens » lorsqu’il fait le trajet Fort William > Mallaig. Le Poudlard Express, de son vrai nom, le Jacobite Steam Train arrive face à vous une trentaine de minutes après son départ de la gare de Fort William. Pour connaitre les horaires, rendez-vous sur le site westcoastrailways.co.uk. En 2022, les départs de Fort William sont à 10h15 et 12h50 du dimanche au vendredi et à 10h15 et 14h40 le samedi.

Comment aller au Viaduc de Glenfinnan ?

Depuis le Visitor Centre du viaduc, vous en avez pour une vingtaine de minutes de marche pour arriver au point de vue parfait. Je vous conseille de prévoir de la marge et d’arriver bien en avance histoire de pouvoir choisir la place que vous voulez pour observer le train car il y a beaucoup de monde.

La marche de ne présente pas de difficulté particulière, et est bien indiquée. Il vous faut juste une bonne paire de chaussures et une veste imperméable (comme pour chaque sortie en Écosse en somme). Pendant le trajet, vous aurez le plaisir de passer sous les gigantesques arches du viaduc. C’est plutôt impressionnant !

Après environ 45 minutes d’attente sur le flanc de la colline, le train montre enfin le bout de son nez ! Soyez vifs, le passage du train sur le viaduc ne dure pas moins d’une minute. Un coup de sifflet, et c’est une cinquantaine de fan d’Harry Potter qui jubilent tous ensemble. Un moment court, mais magique.

Profitez d’avoir payé le parking pour traverser la route et se rendre au bord du gigantesque Loch Shiel où ont été filmé plusieurs scènes d’Harry Potter et la Coupe de Feu. La vue est vraiment splendide et ressemble étonnamment à certaines scènes des films. J’imagine facilement le château de Poudlard niché entre deux collines au bord de l’eau. Avec un peu d’imagination et de fantaisie, on pourrait presque apercevoir Harry et l’hippogriffe Buck survoler la surface de l’eau du Loch Shiel (Harry Potter et le prisonnier d’Azakaban).

Après cette matinée potteresque, je me dirige tranquillement vers la pointe nord-ouest de l’ile principale, vers Mallaig afin de prendre le ferry pour me rendre sur la magnifique ile de Skye.

Ile de Skye, sauvage et intacte

L’île de Skye est la plus grande, et sans doute la plus magnifique des îles écossaises de l’archipel des Hébrides intérieures. Elle est située sur la côte ouest, à un peu plus de 4 heures de route de Glasgow. Si les Highlands du sud de l’Écosse m’avaient déjà donné une claque par leurs grandiosité et leurs paysages féeriques, l’ile de Skye est juste un mirage, un paradis au bout du monde.

Savez-vous qu’il y a plus de moutons sur l’ile que d’habitants ? Il y a environ 100 000 moutons de différentes races. Les humains ? Environ 10 000.
Vous croiserez souvent des moutons sur la route en liberté, alors prudence au volant. Par ailleurs, il n’est pas rare de devoir attendre plusieurs minutes pour qu’un troupeau de moutons traverse la route. Vous l’aurez compris, l’Ile de Skye, c’est un endroit paisible où les habitudes des locaux sont rythmées par la nature et les vents de l’Atlantique.

Comment se rendre sur l’ile ?

Il existe deux façons pour se rendre sur Skye, la première est le ferry. J’ai personnellement pris le ferry depuis Maillaig jusqu’à Armadale. En octobre, il n’était pas nécessaire de réserver. La traversée dure environ 45 minutes. On embarque la voiture sur le bateau, on prend un thé sur le pont, on garde les yeux ouverts à la recherche de phoques ou de dauphins, on admire les magnifiques montagnes posées sur l’horizon de l’océan, et hop on est arrivé ! Compter un peu moins de 20 euros pour la traversée avec une voiture et 2 passagers.

L’autre solution est d’emprunter la route A87 et le Skye Bridge, option que j’ai utilisée pour quitter l’ile. Le pont est gratuit, et la vue est tout aussi magnifique.

Nest Point, le bout du monde

Une fois arrivé sur l’Ile, je décide de me rendre dans le coin le plus sauvage, à Nest Point. C’est le point le plus à l’ouest de l’Ile, au bord de l’océan. Il faut environ entre 2h30 et 3 heures pour traverser l’ile (dépendamment de combien de mouton vous croisez).

Nest Point, c’est un endroit où il n’y a pas grand-chose, pourtant si riche en émotions. Situées au bord de l’océan, les falaises de Nest Point rappellent énormément les paysages que l’on peut voir en Islande ou dans les iles Féroé. La couleur noire de la pierre et du sable se marie parfaitement avec le bleu profond de l’océan.

Il existe également un petit sentier pour se rendre au phare, qui est caché derrière une falaise. Il faut compter environ 20 minutes pour s’y rendre, c’est plutôt facile. Je conseille vivement de s’équiper d’un coupe-vent efficace, les bourrasques sont violentes.

Attention, la route qui mène vers Nest Point, en tout cas à partir de Milovaig est sinueuse et très étroite. Il faut souvent s’arrêter sur le côté pour laisser passer les voitures en face. Roulez prudemment.

Distillerie Talisker, made by the sea

Après un savoureux bol d’air frais et une promenade sous la pluie, il est temps de se réchauffer. Je me dirige alors vers la légendaire Distillerie Talisker. L’endroit est juste incroyable. Une distillerie de renommée mondiale, posée sur la côte, au milieu d’un minuscule village, perdu sur une ile où il y a plus de moutons que d’habitants. Talisker est une référence en matière de whisky. Fondée en 1830, la distillerie est très attachée à la mer et à la protection des océans. D’ailleurs, elle reverse une partie de ses bénéfices pour la protection des fonds marins. On peut visiter la distillerie avec un guide, je n’ai pas eu le temps malheureusement. J’ai toutefois gouté quelques échantillons, notamment le Single Malt de 10 ans d’âge, il est excellent ! La boutique est vraiment belle, mais les prix un peu exorbitants.

Une nuit dans une cabane de jardin

Il est 16 heures quand je quitte la bâtisse blanche de la distillerie, il est temps de reprendre la route pour rejoindre ma tiny house avant la tombée de la nuit. La veille j’ai loué une cabane de jardin à la sortie du village de Dunvegan. J’arrive dans le village sous une pluie battante, après avoir acheté une soupe et quelques collations dans la petite supérette au centre du village, je me dirige vers ma cabane de jardin. Je suis accueilli par Alistair, un vieil homme avec un accent local. Alistair est né sur l’ile, il a toujours vécu ici. Il me raconte comment il a construit 3 cabanes dans son jardin qu’il loue aux voyageurs du monde entier, mais aujourd’hui je suis son unique visiteur. Très sympathique, Alistair m’invite à boire un thé dans son salon confortable aux côtés de deux énormes chiens sages.  Il me raconte des anecdotes de quelques-uns de ses visiteurs, et comment une des cabanes à brulé il y a quelques années, parce que des touristes avait mis le feu à la cuisine, il en rigole aujourd’hui.

La cabane que je loue pour la nuit est vraiment chaleureuse et confortable. Depuis ma chambre, il y a une fenêtre qui donne sur un champ. La pluie ne cesse de tomber, mais je me sens tellement bien dans mon 25m2 carré, décoré avec attention. J’en profite pour faire sécher mes vêtements (il faut toujours faire sécher ses vêtements en Écosse), réchauffer ma soupe et je travaille sur mes projets. Il est 22 heures, il est temps pour moi de m’envoler vers le pays des rêves, accompagné par l’apaisant bruit des gouttes de pluie sur ma vitre et le vent qui souffle dans les arbres.

Pour plus d’informations sur ce logement : shorturl.at/fT349

Old Man Storr, la grosse pépite de d’Écosse 

Le lendemain, le ciel s’éclaircit. Je me lève à 7 heures pour profiter au maximum de cette journée. Je n’ai pas eu l’occasion de revoir Alistair, mais je lui laisse un message pour le remercier. Je reprends la route, direction Old Man Storr, soit l’endroit le plus photographié de l’ile de Skye. Old Man Storr est une série de menhirs géants qui ont émergé après un énorme glissement de terrain il y a des millions d’années. Situé au nord-est de l’ile, à quelques minutes du plus grand village de l’ile, Portree, le lieu est propice aux légendes et aux mythes. La plus célèbre raconte que les immenses pierres élevées seront en fait les restes d’un vieil homme géant qui dominait l’ile autrefois. D’ailleurs Old Man Storr, signifie « vieil homme du Storr ».

Lorsqu’on arrive sur les lieux, l’atmosphère est unique. Ces immenses pierres perchées au sommet d’une montagne surplombant l’océan sont juste grandioses et nourrissent notre imaginaire. Pour se rendre au sommet, comptez environ 45 minutes, selon votre forme physique et des conditions météorologiques. On peut se rendre jusqu’au pied du menhir de 55 m de haut, mais gare aux bourrasques.

Conseil : Le lieu est touristique, venez tôt pour avoir de la place sur le parking et profitez tranquillement de la vue.

Portree, le plus grand village de l’ile

Sur le chemin du retour, je m’arrête à Portree, un petit village portuaire aux maisons colorées. Le village n’est en réalité pas très grand, mais il est le plus grand village de l’ile avec ses 2 000 habitants. Cela dit, j’ai adoré flâner dans les petites rues pavées, visiter les boutiques d’artisans, acheter un ou deux souvenirs, envoyer ma carte postale et faire une pause déjeuner dans un café. Ne manquez surtout pas le petit port de plaisance et ses maisons colorées.

Le retour vers Glasgow

Après une courte visite de Portree, je décide de prendre le chemin du retour vers Glasgow. Le soleil se montre enfin, et c’est vraiment magnifique. Conduire de Portree jusqu’à Glasgow, prend environ 4h30. Sur la route, j’admire une nouvelle fois des paysages somptueux, mais cette fois-ci tapissé par la lumière dorée qui émanent du coucher du soleil.

J’arrive à Glasgow vers 21 heures. Le lendemain matin, j’en profite pour visiter le campus de l’Université de Glasgow, un tournage pour les Jeux Olympiques 2024 est en cours.

Vers midi, je me retourne vers l’aéroport avec un petit pincement au cœur, j’aurais aimé rester plus longtemps. La beauté des paysages, l’atmosphère mystique, la gentillesse et l’authenticité des Écossais, tout me pousse à revenir sur ces routes panoramiques en quête de liberté et d’histoire.