L’Irlande et un peu plus… road trip à moto

road trip à moto en irlande
Au départ, une moto, un motard, quatre pays… la France, l’Angleterre, le Pays de Galles et surtout l’Irlande. La suite, je vous la raconte…

1 mois de road trip à moto en Irlande

Informations sur le voyage

  • Durée : 30 jours
  • Nombre de voyageurs : Solo

Introduction sur le road trip

Nous sommes lendi 15 jouillé 2019, la mule est chargée. Quelque 40 kg de bagages, outils compris.

J’ai essayé de n’emporter que le nécessaire, mises à part quelques boîtes de conserve insérées dans certains espaces vides.

J’ai testé plusieurs répartitions des charges, mais je trouve que ça déleste toujours de l’avant, à basse vitesse, surtout sur terrain meuble. Faudra faire gaffe…

Mon dilemme : dois-je emporter le réflex Canon et ses deux objectifs ou ne prendre que mon petit compact Panasonic ? J’opte pour la légèreté.

42 000 km au compteur, un train neuf de TKC70, toutes vidanges faites, purges idem, plaquettes neuves, synchro et jeu aux soupapes faits…

Les trois ferries sont réservés, ainsi que les différentes auberges de vieillesse (tous les deux ou trois jours).

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C’est parti pour quatre semaines et quelque 10 000 km. Ça passe par l’Angleterre, le Pays de Galles, et surtout l’Irlande.

Le but du jeu n’est pas d’aligner les bornes, mais l’activité essentielle et presque unique de mes journées restera la moto… un peu comme la navigation pour une transat (toute proportion gardée).

Demain c’est môrdi 16 et y a plus qu’à… Direction Cherbourg, puis l’Albion que l’on dit perfide. Montée en haut du Pays de Galles, puis descente près de Fishguard, pour la traversée vers l’Irlande. Tour de l’Irlande dans le sens des aiguilles d’une montre, ou presque…

Jour 1 - Môrdi 16 jouillé

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380 km prévus

Départ à 8h30 sous un beau ciel bleu par les nationales et des petites routes, direction Cherbourg. Rien ne presse, je dois être à l’embarcadère à 16h00.

Tout comme la dernière journée d’un voyage, celle du départ a un parfum particulier. Celui du bonheur… Dans mon casque, je chantonne qu’Ulysse va faire un beau voyage et qu’il est heureux…

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Malgré la brume de chaleur, je sors le Lumix pour une petite photo du Mont. Je laisse la canicule qui débute en France sans me douter que je vais vite la regretter.

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Pique-nique sur la côte ouest du Cotentin, à Portbail.

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J’arrive à Cherbourg à 15h00. Bien en avance, j’en profite pour faire le plein de la meule.

L’attente pour l’embarquement commence. Il n’y a que des Britaniques qui rentrent chez eux. Mon anglais abrège vite les conversations.

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Mémère est arrimée en pole position à bord du Normandie Express. Sur la latérale et en prise. La Brittany Ferry a bien prévu un coussin pour la selle. Merde… il n’y a pas de pont pour sortir vapoter. Trois heures à tenir. Je retarde ma montre d’une plombe pour être à l’heure anglaise.

Bon ça y est… Portsmouth. Je me trouve sur le sol british et, à 55 piges, c’est une première pour moi.

À la douane, ils me font enlever le casque et les lunettes. C’est bon… j’échappe au toucher rectal.

Dans un premier temps, il me faut un DAB pour acheter des livres sterling. Je cherche ça sur le GPS. C’est bon… il y en a un pas loin. Allez, zou ! première, seconde, je fais gaffe, on m’a dit qu’ils roulent à gauche. Premier grand rond-point, avec des feux partout ! Putain ! c’est quoi ce bordel ! Même avec l’aide du GPS je ne sais plus où aller… quelle file prendre… Le ridicule de la situation me fait même marrer, malgré les coups de klaxon. Du coup, je me retrouve dans une file de bagnoles, ça ressemble à un péage. En fait, je suis retourné dans la zone portuaire, et me retrouve dans la file d’attente pour prendre le bateau qui retourne en France. J’essaie de m’expliquer avec un mec du port, un Anglais, qui est mort de rire. Il m’autorise à prendre entre certaines bornes pour m’en sortir et m’indique un DAB qui n’est pas loin. Thank you very much !

Il me faudra encore bon nombre de kilomètres pour m’habituer à cette conduite à gauche dans les grands carrefours et grands ronds-points. Leur marquage au sol m’aidera bien.

Il me reste 40 km pour gagner mon camping. Je croise plusieurs motards qui ne me répondent pas quand je les salue. Comme chez nous, je me dis qu’il s’agit d’intermittents du guidon fiers comme un bar-tabac… Je me rendrai compte plus tard qu’ils ne saluent pas avec la main, juste un petit coup de tête, comme un tic. Au temps pour moi.

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Plantage de tente dans mon camping à la ferme. C’est moyen, mais propre et tranquille. Un couple de Belges me sera salvateur pour m’indiquer où se trouve l’accueil afin de casquer les 10 livres de nuitée.

Avec une heure de moins il fait nuit plus vite. Je soulage mes sacoches de deux boîtes de salades de thon.

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 2 - Credi 17 jouillé

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480 km prévus

Il fait encore nuit et des bourrins dans le champ d’à côté font le bal depuis une heure. Ça hennit, ça galope…

Je consulte mon téléphone qui m’indique qu’il est 6h00. Je me lève. En fait, contrairement à ma montre, mon portable est resté à l’heure française. Il est 5h00, et c’est très bien comme ça ! Je ne trouverai jamais comment le mettre à l’heure locale… peut-être impossible parce qu’il n’a aucune connexion internet ?

Deux heures, en camping, c’est le temps qu’il me faut pour prendre mon caoua, me débarbouiller, tout remballer et arrimer sur la meule. En auberge de vieillesse, une heure suffira.

En regardant le ciel, je fais l’impasse sur le jean et enfile le froc en Gore-Tex.

C’est parti… je traverse rapidement l’Angleterre. Essentiellement de l’autoroute gratuite pour gagner le Pays de Galles. Un peu de flotte, mais rien de sérieux pour l’instant.

Je loupe une route que m’indique mon GPS et c’est la première embrouille de la journée avec lui. Je lui fais confiance pour rejoindre le trajet que j’ai tracé avec BaseCamp, et là… grave erreur ! Il me fait tourner en rond, au moins pendant 40 bornes dans des « couloirs à troènes ». Des routes de la largeur d’une bagnole avec plein d’herbe au milieu, entre deux haies d’environ 2,5 m de haut. Avec à gauche ma sacoche et la haie, et à droite l’herbe du milieu, ça me laisse une largeur d’une trentaine de centimètres pour placer mes roues ; ajoutée à cela l’absence de visibilité due aux haies qui transforme chaque virage en roulette russe… Ça me gonfle ! Je m’arrête, sors la carte papier, et programme le GPS pour rejoindre au plus vite une des villes qui se trouvent sur mon parcours. Une ville avec que des consonnes… Les Gallois doivent avoir des claviers ZRTPQW plutôt qu’AZERTY.

Il se met à pleuvoir de plus en plus sérieusement. Malgré cela, les paysages deviennent vraiment sympa et les voyelles continuent de disparaître. Je m’arrête pour mon premier plein de « Unloaded » et un café, mon premier « Americano » (et dernier). Une sorte de café allongé qui aurait pris la flotte. Il finit dans la haie (encore une).

En repartant, sans que je fasse trop gaffe, mon GPS m’envoie sur une route qui devient vite petite, puis très petite, puis chemin et enfin off road total. Rien ne figure sur ma carte papier ni sur mon fond de carte GPS ! J’arrive non sans mal à trouver un petit espace pour faire demi-tour. Des dizaines de moutons semblent se foutre de ma gueule. Des idées de méchoui et de dimanche de Pâques me viennent à l’esprit…

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Je retrouve le bon parcours. J’entre dans le parc national de Snowdonia et les paysages deviennent tout bonnement splendides, malgré la pluie qui tombe de plus en plus dru. Je découvre une petite route de toute beauté qui fait les montagnes russes, avec son inévitable axe herbeux. Par beau temps, ce doit être un régal. Soudain, un panneau bizarre de type « danger » avec « 25 » inscrit dessus… Des miles ? des yards ? degrés Fahrenheit ? Putain non ! ce sont des pourcentages comme chez nous ! Ça grimpe à la Galloise ! un truc de fou… déjà que je déleste de l’avant… je fous tout le poids du bonhomme sur le guidon. Je n’ai jamais rencontré ça en France, ni dans les Alpes, ni dans les Pyrénées (ça existe peut-être). Et encore, si ça restait droit ce serait trop facile… ils m’ont foutu une épingle entre 90 et 180 degrés ! Me voilà en plein trial avec une GS de 300 kg… Je sors de l’épingle à la va-comme-je- te-pousse. Coup de pot : personne en face… Je viens de prendre une telle suée que je n’ai pas la présence d’esprit de prendre en photo la pancarte 25 dans l’autre sens. (D’ailleurs, la météo exécrable des prochains jours fera que je n’aurai ni le goût, ni la possibilité de ressortir l’appareil de son étui, de son sac étanche, de la sacoche réservoir. Je profiterai des quelques fenêtres de tir qui me seront proposées.) Sur la même route, quelques kilomètres plus tard, je n’en crois pas mes yeux : une pancarte « 25 » ! C’est quoi ce pays ? Rebelote, montée infernale et épingle à cheveux. Second coup de pot : personne en face.

Trêve de plaisanteries, il me reste encore des bornes avant de rejoindre mon auberge de vieillesse à Llanberis.

Ma hanche droite, en sursis de prothèse, commence sérieusement à chauffer et mon fessier frise la même température. Je me mets de plus en plus souvent debout sur les cale-pieds.

Arrivée à Llanbéris sous des trombes d’eau. Dommage, ça m’a l’air sympa. Une petite ville qui doit être le point de départ de bon nombre de randonnées pédestres et VTT. Mon auberge : The Heights Bunkhouse. Plus que moyen… limite minable. Ils m’attribuent une piaule sous les toits. C’est vieux et dégueulasse. Les ressorts du matelas se font la belle. J’hésite à mettre mon matelas autogonflant par-dessus. Par crainte que les ressorts ne le crèvent, je le mets au sol. La fatigue et la météo me font bouffer un hamburger-frittes à l’auberge. Pas mieux que la piaule…

Mon compteur journalier affiche 570 bornes. 90 de plus que prévus… je ne me suis pas égaré qu’à moitié… il fallait que ça arrive sur le parcours le plus long de ces quatre semaines.

Pour le lendemain, je commence à envisager un plan B. La météo en décidera…

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 3 - Joudi 18 jouillé

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430 km prévus

7h00, tout est arrimé sur la meule. Ça flotte sévère et c’est complètement bouché. Je décide de raccourcir mon parcours. Je vais faire l’impasse de la boucle au nord-est de celui-ci pour tirer directement et retrouver le parcours prévu vers sa moitié. C’est vraiment frustrant. Les paysages vus ou entraperçus la veille me laissaient en envisager d’autres tout aussi splendides.

C’est de la grosse pluie toute la matinée et c’est complètement bouché. J’arrive à ma deuxième auberge de vieillesse, YHA Broad Haven, en milieux d’après-midi et il fait presque beau. L’accueil est très sympa et l’auberge vraiment bien. La chambre de six est assez spacieuse, les sanitaires super propres. J’en profite pour prendre une bonne douche, mon temps, et faire sécher ce qui doit l’être, même la tente qui avait été pliée humide la veille. Le WiFi de l’auberge me permet même de consulter mes mails sur la tablette que m’ont prêtée mes filles. Pour la météo, j’arrête, c’est déprimant.

Petite balade en bord de mer, à Broad Haven, petite ville balnéaire bien tranquille. Un groupe d’Anglais semble dubitatif devant l’autocollant GRD de ma moto. Ils prennent tout ça en photo, certainement pour faire ultérieurement une recherche internet de la nationalité abrégée… Bon courage !

Retour à l’auberge. Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 4 - Dredi 19 jouillé

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160 km prévus

Réveil. Merde… il flotte et c’est bouché… Il me faut être à l’embarcadère de Rosslare à 12h00.

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J’occupe la matinée en roulant sous la flotte.

Je fais un détour jusqu’à la pointe de Saint-David’s, on y voit rien…

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Je suis à Rosslare vers 11h00. J’en profite pour descendre au petit port qui serait plus joli par beau temps.

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Tout le monde attend. Les goélands, le ferry et Grogil…

En fait, je doit retrouver Marie et Alain. Le hasard a fait que sur un forum web dédié aux motos BMW de type GS j’ai consulté leur projet de voyage 2019 et ai constaté que leur parcours était sensiblement le même que le mien à la même période. À la différence qu’ils décarrent de Lorient un jour avant moi, qu’ils partent trois semaines (seulement), font l’Irlande dans l’autre sens, et vont prendre des photos de toute beauté.

J’ai donc contacté Alain par mail. Nous allons faire la traversée ensemble.

Je les attends devant la dernière supérette avant embarquement. J’en profite pour casser une graine. 11h45… en bon stressard, je leur envoie un texto leur indiquant que je rejoins la zone d’enregistrement.

Du coup, une 1250 GSA arrive au loin. Grands signes de la main… C’est eux… Grand sourire… Marie enlève son casque et dit spontanément en me voyant : « Mais il est pas gros en fait… » (mon pseudo sur le forum étant Grogil…). Il y a des gens comme ça… où dès le premier abord, tu sens que tu vas bien t’entendre.

Sans traîner, on file vers la file. La pluie redouble. Embarquement. Arrimage des motos. La Stena Line n’a pas prévu de coussin pour la selle. Heureusement, j’avais senti le coup et je mets mon gilet de protection sous la sangle.

On discute, on se marre bien, on boit quelques coups. Bref, on ne voit pas les trois heures passer.

Nous voilà arrivés en Irlande. On décarre du barlu vite fait, car on a un bahut irlandais au cul que la traversée a dû énervé et qui klaxonne. Nous faisons une trentaine de bornes ensemble.

On s’arrête pour se quitter, en se promettant de se « textoter » le soir notre journée. J’ai l’impression de les connaître depuis des années…

Je file en solitaire encore cinquante bornes vers mon camping, le Brandon Hill, à Graiguenamanagh. Le proprio est très sympa, mais les sanitaires pourris. Un Algeco tout déglingué… Je ressors mes euros pour lui en régler 10.

Malgré mon anglais tout pourri, je réussis à le faire rire. En le voyant arroser des pots de fleurs je lui sors un « is it really necessary? » venu de nulle part. Il se marre franchement. Je suis fier de moi.

Le camping dispose d’un abri où je bouffe mes conserves. La pluie cesse avant de me coucher, mais le vent est toujours là.

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 5 - Sadi 20 jouillé

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380 km prévus

Réveil à 5h00. Merde… il flotte, c’est bouché et ça vente sévère…

La pluie cesse et le vent permet à la tente de sécher un peu. Comme les matins précédents, ce sera équipement de pluie direct. D’ailleurs, je me résoudrai à faire la même chose les matins suivants…

Le paysage est moyen, surtout avec ce temps. L’appareil photo restera dans son sac étanche.

J’arrive à l’auberge de vieillesse de Cork. Elle est en pleine ville. L’accueil est très froid. C’est l’usine là-dedans ! La chambre de huit est minuscule. Je suis obligé de mettre certaines de mes affaires dans la salle de bain… d’autant que, si l’accueil est froid, le quartier m’a l’air un peu chaud.

Je reprends la meule pour aller faire un tour à Kinsale. C’est plein de monde (on est sadi) et ça semble assez bourge (on me parlera plus tard de « Saint-Trop » irlandais). Je suis déçu.

Retour à Cork. Je suis naze. Deux conserves de thon (la moto s’allège), antivol sur la meule, lampe frontale, bouquin et au plume.

Dans les couloirs et les chambres voisines, c’est un bordel sans nom. Ça promet…

Jour 6 - Gromanche 21 jouillé

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375 km prévus

Réveil à 6h00. Départ à 7h00. Temps de merde ! Nuit de merde !

Au fait, l’auberge de jeunesse est le Sheilas Tourist Hostel. À éviter, sauf si l’on est une bande de potes qui souhaitent mettre tout le blé dans les pubs de Cork et se coucher torchés.

Ce fut pire que je pensais. Un merdier d’enfer dans la chambre voisine. Une équipe d’ados espagnoles en virée irlandaise. Vers minuit je me suis levé pour aller gueuler, en anglais. Elles se sont excusées dans la même langue, mais ont remis ça aussi sec dans celle de Cervantes et néanmoins maternelle. La corrida a vite repris. Je me suis relevé vers 1h00 pour gueuler, cette fois en français, des choses que ma mère m’a défendu de nommer ici. Là, je dois avouer qu’il y eut un froid. Froid qu’elles surent vite dissiper… et jusqu’à deux plombes du mat’. Face à une dizaine de pisseuses ibériques je n’étais pas de taille, j’eus simplement souhaité, plutôt que du Placo, les Pyrénées nous séparassent. Le comble est que, le reste de l’année je suis surveillant d’internat dans un lycée…

Bref, me voilà à peine parti que le GPS fait des siennes (il est vrai qu’il a dormi dans la même chambre que moi). Il me propose une petite visite de Cork improvisée et sous la flotte. Je peux vous dire que Cork ça grimpe et ça tourne. Des ruelles pour trialiste. Après une demi-heure à jouer les équilibristes, me voilà sur la bonne route. Enfin, pas pour longtemps…

Environ 30 km après Cork, le GPS m’indique de prendre une route à droite, ce que je fais au dernier moment. J’ai un doute… c’est une route qui grimpe sérieusement et qui rétrécit tout pareil. De l’herbe se met à pousser au milieu et de la mousse à recouvrir le goudron. Il y a urgence ! je me dois de faire demi-tour le plus rapidement possible. Juste avant une épingle à droite, en début de virage, il y a une entrée de résidence, droit devant, avec un portail fermé. Je tente le coup… et merde… trop court !Je me retrouve donc perpendiculaire à la route, en entrée d’épingle, la roue avant en début de talus et le cul vers la route qui monte en épingle. Sur ma gauche c’est la route d’où je viens avec une inclinaison supérieure à 15 %… Impossible de béquiller ou de prendre appui sur ma jambe gauche, elle est trop courte… Vu la pente, impossible de reculer. Je tente de monter un peu sur le petit talus avec la roue avant afin me donner un élan nécessaire pour reculer de quelques centimètres. Le talus est trop meuble et je ne fais que créer une ornière… Derrière ce petit talus, ça descend direct sur trois ou quatre mètres dans un bois… Avec ma jambe droite je joue les Candeloro sur la mousse trempée… Là, je suis mal… On est dimanche, il est 7h30, il pleut, et je me retrouve comme un con en appui sur ma jambe droite (la mauvaise)… J’ai une pensée pour les hérons et leur propension à rester ainsi très longtemps. Il m’a semblé être passé près d’une habitation juste avant cette tentative de demi-tour. Du coup, je fait appel à mon anglais scolaire et aux Beattles pour gueuler « Help ! », « Help me ! ». Là, j’ai vraiment l’air d’un con… je ne pense même pas à klaxonner. Évidemment personne ne se manifeste… Ça fait plus d’une demi-heure que je suis bloqué là… Je tente le coup par le talus, façon Bultaco GSA, presque certain de me vautrer. Il faut juste que j’évite d’y aller trop fort, que le talus s’affaisse, et tomber dans le bois derrière. Première, braquage, aide de la jambe gauche… c’est passé ! On est les champions, on est les champions ! Je suis aussi trempé à l’intérieur qu’à l’extérieur, mais grandement soulagé.

Il pleut toujours… je continue direction Bantry. J’ai prévu de commencer par me faire le fameux Healy Pass, dans les deux sens. J’ai hâte d’y être… Les photos que j’ai pu voir en préparant mon voyage m’ont mis l’eau à la bouche. À Ballylickey je prends à droite pour entrer dans la péninsule de Beara. Malgré le temps et la visibilité, les paysages sont de toute beauté. Je prends enfin le Healy Pass… c’est sublime ! Mieux qu’en photo bien sûr… Je passe le col et une superbe vue s’offre à moi, le Glanmore Lake, au fond la baie de Kenmare et le Ring of Kerry que je devine. Il pleut de trop pour que sorte l’appareil. Je tenterai le coup au retour. Je fais une petite boucle à la sortie nord du Healy Pass pour longer quelques instants la baie de Kenmare. C’est bouché et la pluie redouble, le vent s’invite de plus en plus fort à la fête.

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J’ose une photo entre deux trombes, avant de reprendre le Healy Pass. Ce sera la seule de la journée !

Arrivé au col, j’oublie les photos. Une tempête s’est levée en un quart d’heure. Je n’ai jamais vu ça ! (une telle soudaineté) de surcroît, le col fait goulet. Une pluie diluvienne me tombe sur la tronche, je ne vois plus rien… J’hésite à m’arrêter, mais ne trouve pas de décrochement… des rafales extrêmement violentes me déportent. Une d’elles fait que ma sacoche frôle une bagnole, la seule, qui était garée là… elle était rouge, c’est tout ce que j’ai vu… J’arrive en bas du Healy Pass… la descente aura été chaude. Je m’arrête dans une station-service pour bouffer un truc et me reposer un peu. Je leur laisse un demi-litre de flotte sur le carrelage. Le temps se bouche de plus en plus… c’est mort ! Je décide de descendre directement de Bantry vers mon camping de Skibbereen, en faisant l’impasse sur les deux pointes au sud de la péninsule de Beara. Je suis dégouté et totalement frustré.

Il est 15h30, je plante la tente sous la flotte et le vent. La pluie est parvenue à rentrer par le bas et les manches de mon blouson… je me fous en slibard, prends un bouquin et entre dans mon duvet. Je m’endors après quelques pages. Je sors de ma tente vers 19h00. La pluie est moins forte. Je remarque que les deux autres seules tentes du camping sont des Quetchua, les mêmes que la mienne. Sans doute des Français… Je fais leur connaissance dans une petite pièce du camping où je vais manger mes conserves. Deux couples de cyclistes qui ne sont pas ensemble. Ils ont du mérite les cyclistes. Un des couples, des jeunes, me dit être en Irlande pour 90 jours. Ils débutent leur périple et m’avouent être étonnés par la déclivité des lieux… Je leur souhaite bien du courage. Je penserai souvent à eux par la suite, en croisant des cyclistes en pleine ascension.

Je regagne ma tente, un peu entamé et frustré par cette journée merdique.

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 7 - Lendi 22 jouillé

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340 km prévus

Départ à 6h30. Le vent souffle fort et il tombe une petite pluie. Je plie donc sous la flotte et renfile les fringues mouillées. Je remonte vers la péninsule de Beara et son Healy Pass. C’est un peu moins bouché qu’hier.

C’est vraiment grandiose !

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Enfin une première photo au col du Healy Pass. En bas le Glanmore Lake, au fond la baie de Kenmare et le Ring of Kerry que l’on devine.

Je continue mon tour de la Péninsule sous la flotte et le vent. Malgré cela, ce que je vois est une merveille ! J’ai l’impression d’avoir sous les yeux une concentration de mes coins de France préférés. Par endroit, par quelque 150 m d’altitude, je m’attends à voir des marmottes. Les marmottes irlandaises s’avéreront être blanches et hautes sur pattes.

Dans un bled, Glengarriff, je m’arrête côté droit pour prendre une photo. Merde ! la batterie de l’appareil est vide et l’autre doit être au fond d’une des sacoches à l’arrière. Je laisse tomber et repars. Première, deuxième, troisième… je dois être à 70 km/h dans une courbe en sortie de ville et une bagnole m’arrive en face à peu près à la même vitesse… gros coup de guidon ! ce n’est pas passé loin… heureusement que je ne regardais pas ailleurs… Je n’ai même pas eu le temps d’avoir peur… je ne sais pas si c’est le cas de la bagnole qui m’arrivait en face et qui était à la bonne place. À l’avenir j’éviterai le côté droit pour m’arrêter.

Je quitte la péninsule de Beara en son sud pour prendre une petite route qui relie Ballylickey à Kilgarvan. Trente bornes de bonheur, encore une merveille ! je ne croiserai que de l’irish marmot…

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Je rejoins la N71, une nationale superbe, pour rejoindre mon auberge de vieillesse 3 Lakes Hostel, à Killarney. Très bon accueil. Une chambre de quatre très spacieuse. Tout est super propre. En face il y a un supermarché bien pratique. 22 euros la nuit… Il manque juste une pièce pour faire sécher les fringues. Ce sera certainement mon camp de base quand je retournerai dans le sud-ouest de l’Irlande. Car j’y retournerai, maintenant j’en suis certain… Ce soir je suis encore frustré… moins qu’hier, mais toujours un peu… Toutes ces merveilles restées dans la brume. L’Irlande me semble pudique, aujourd’hui elle a encore gardé sa culotte. Il y a du mieux… hier elle avait gardé ses bas à varices. Ce soir, j’ai l’impression d’être passé dans la même journée par les Alpes, les Pyrénées, le Massif Central, les monts d’Aubrac, la pointe Finistère (en plus sauvage)…J

Je suis bien crevé, mais au sec… et en plus je suis là pour deux nuits… Grand luxe !

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 8 - Môrdi 23 jouillé

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385 km prévus

Départ à 6h30. Comme je reviens là ce soir, je tombe les sacoches latérales et ne garde que les outils. C’est déjà beaucoup mieux…

Il ne pleut pas, mais le ciel est menaçant. Je rejoins la N71 pour descendre à Kenmare. Passage dans une belle forêt à la sortie de Killarney. Je viens juste de me faire la réflexion qu’il doit y avoir du gibier, surtout à cette heure, et qu’il faut faire gaffe, qu’un renard me traverse juste devant. Le goupil festoyait, sur la bête, un cuissot de chevreuil, qui lui-même venait certainement de se faire buter par une bagnole. Une ou deux bornes plus loin c’est une biche qui me passe sous le nez. Putain c’est le zoo de Thoiry ! Je continue la N71 et m’amuse un peu, à cette heure, dans les super virolos. En descendant vers Kenmare, je réfléchis… et ça ce n’est pas bon… vu qu’il ne pleut pas encore je me referai bien le Healy Pass… Allez c’est parti ! et devinez quoi… quand je passe l’Healy il se met à vaser dru et le vent se lève (The Wind that shakes the barley, dirait Ken Loach) !

Je suis maudit !

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J’arrive tout de même à prendre deux photos…

Je remonte vers le Ring of Kerry sous la flotte et ça se bouche de plus en plus. C’est terrible !

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Je tente une autre photo. Le temps de descendre de la meule, ça continue de se couvrir. Quand je remonte en selle, on ne voit même plus les îlots…

Je me retrouve dans un véritable brouillard où je ne vois plus qu’à cinquante mètres… Maudit, je vous dis ! Mis à part le dénivelé, je serai en Beauce ou dans l’Oise que ce serait pareil… Ça sent très fort la frustration, encore une fois. Faute de visibilité, je fais l’impasse sur une partie de la pointe et sur Valentia Island.

Néanmoins, l’après-midi j’arrive à me faire plaisir en empruntant une petite route qui traverse à la verticale la péninsule, le Ballaghbeama Gap. De toute beauté.

Il se remet à pleuvoir sérieusement. Plus tard, mon GPS m’indique de prendre sur la gauche une petite route que je rate. Je reviens sur mes pas, ou plutôt mes roues. La route me semble bien petite… elle descend vers une vallée. La Black Valley. J’hésite… rien que le nom me fait peur. Je vois un Polonais en 1200 GS qui me salue et s’emmanche là-dedans. C’est pas un Polonais qui va me mettre la misère et la honte ! J’enquille derrière lui. Merci la Pologne ! C’est une perle cette vallée… en plus, ça passe comme dans du beurre… et encore, je n’ai pas vu la suite… car après cette vallée je découvre le fameux Gap of Dunloe. Une rivière entre les montagnes, une succession de petits lacs, une petite route tortueuse, féérique ! Ma journée n’est pas foutue.

Je rejoins la nationale vers Killarney. Aujourd’hui c’est un, ou une, autochtone qui m’arrive en face. Après réflexion, je pense que c’était un 4×4 de location. Ce coup là je me trouve à ma place. Le 4×4 fout un grand coup de volant et manque se mettre en l’air.

Je retrouve mon auberge. Je suis encore bien naze. Une bonne douche, deux salades hautement gastronomiques achetées en face au supermarché…

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 9 - Credi 24 jouillé

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390 km prévus

Départ à 6h30, direction la péninsule de Dingle. Il ne pleut pas, mais ça ne saurait tarder… (je me rends compte, que depuis le début, la chose que je me dis le plus souvent est « Profitons en tant qu’il ne pleut pas… » et que celle qui vient en seconde position est « Trop tard ! »)

Ce que je vois et entrevois est superbe. Je vous passe le Connor Pass… C’est magnifique ! malgré le temps qui continue de se boucher… Je me suis fait une raison…

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Je coupe de nouveau la péninsule à la verticale par la Caherconree road, une bien jolie petite route… et miracle ! une éclaircie… qui m’offre furtivement une belle vue sur le sud et le nord de la péninsule.

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Tiens, une marmotte championne du monde qui ne veut pas quitter le centre de la route… ses couleurs prouvent qu’elle ne semble pas rancunière envers Thierry Henry et sa main de 2009 en éliminatoire du mondial de foot.

Avant de quitter la péninsule, je vais faire un tour vers la pointe de Ballycurrane. Je suis de loin une bagnole à environ 50 km/h sur une petite route côtière qui longe une plage. Tout à coup je suis surpris par une grosse zone de sable en travers de la route. J’ai juste le temps de me mettre debout sur les cale-pieds. J’ai bien vu la bagnole freiner, mais n’ai pas évalué la quantité de sable, surtout en épaisseur… ça passe, mais limite… il faudra être vigilant au retour, car je me dirige vers un cul-de-sac.Petite pause à la pointe et me voilà de nouveau devant cette zone sableuse. C’est là que les Athéniens s’atteignirent… Je m’arrête à une cinquantaine de mètres de la zone et réfléchis comment l’appréhender. Je vous ai déjà dit que quand je réfléchis de trop ce n’est pas bon… En face, une Irlandaise voulant gentiment me laisser passer s’arrête juste avant le sable… Je lui fais signe que non… qu’elle passe… que ça va être du brutal… Je décide de passer en force… première, deuxième, peut-être troisième… et là, ça part en vrille… plus de direction… un vrai rodéo… vu des tribunes ça devait valoir le coup… Putain, j’avais presque retrouvé le bitume… je pensai que ça pouvait passer… juste avant qu’un talus me traverse devant… et vlan ! descendez, on vous demande… Quel con ! De Cyril Neveu, je n’ai eu que la longueur de jambes sur ce coup-là… a priori pas de mal, juste un peu au poignet droit. Le crash-bar et le cylindre gauche sont enfoncés dans le talus. Heureusement, lui aussi c’est du sable… J’en chie un brin pour me glisser entre le talus et la meule pour redresser celle-ci. La voilà sur sa béquille. Elle n’a pas de mal non plus. Un peu après, deux bagnoles s’arrêtent pour me demander si tout va bien. D’un signe du pouce et en yaourt, je leur dis qu’il n’y a pas de mal. Ils ont vu les traces dans le sable qui parlent d’elles-mêmes… Dommage que je n’ai pas eu la présence d’esprit de les prendre en photo… (ça, c’est un réflexe de jeune ou de photographe aguerri, quoique pour lui c’est un réflex…). Toujours est-il que je n’ai pas dû faire ce qu’il fallait pour franchir l’obstacle comme à l’aller. Je suis resté assis sur la selle… aurais-je dû me mettre debout ? aurais-dû être dans les tours pour remettre du gaz ? aurais-je dû appeler mon assistance ?

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J’ai néanmoins retrouvé le lieu du drame grâce à Street View. Sur la photo il y a très peu de sable, ce n’est pas très parlant (je ne me serais pas vautré là-dedans comme même…), bien que l’on peut remarqué que le Ford Transit hésite. Je peux vous dire que, lors de ma cascade, il y avait une zone de sable de quelque cinq ou six mètres en travers de la route et une épaisseur d’une bonne dizaine de centimètres. C’est le vent qui doit ramener tout le sable par la petite trouée dans la dune… et je peux également vous confirmer qu’il y a eu du vent…

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Je monte tranquillement, et sous la flotte, vers Tarbert, pour prendre le bac et traverser le Shannon.

J’approche de mon camping, le Green Acres Camping. Le premier d’une série de campings bien pourris. La campagne est assez moche et parsemée de baraques en ruine ou complètement à l’abandon. C’est glauque !Au camping, pas d’accueil. Des dizaines et dizaines de mobil-homes, dont bon nombre déglingués. Il y a un vent d’enfer… les allées sont désertent… c’est de plus en plus glauque… ça sent le mauvais film d’horreur… Je file vers le fond du bouzin sans rencontrer âme qui vive, ou qui meurt… ce serait mieux approprié… Ah, là tout au fond il y a un mec avec un Land qui installe sa caravane. C’est un Anglais. Il me dit que lui aussi ne comprend pas trop le fonctionnement du « camping », qu’il pense qu’il faut s’installer par là. Juste après des Hollandais arrivent et s’installent, eux aussi dubitatifs. Il y a quelques petits emplacements matérialisés, mais aucun point d’eau à l’horizon.

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Je plante la tente non sans mal avec ce vent. Je me trouve juste à l’embouchure du Shannon… Je vois des sortes de pétroliers, méthaniers et autres porte-containers passés. J’ai l’impression de camper à quinze bornes de chez moi, à Donges… Je viens juste de me faire la réflexion que demain matin, de bonne heure, je n’aurai aucun scrupule à décarrer sans payer, qu’un géant déboule avec un 4×4. C’est le proprio du bouge en plein-air… un grand sec avec une drôle de tronche… qui me réclame dix euros… puis il me sort un prospectus-plan, type office de tourisme, et un stylo. Il se met à griffonner son papelard dans tous les sens, il fait des ronds et trace des routes, tout en me faisant un speech interminable. Il commence à faire des sifflements bizarres avec sa bouche et trace des traits dans tous les sens qui partent du même point sur son plan… Il me parle de baleines, je crois… Je ne pige rien à ce qu’il me raconte. J’interromps le géant Cousteau, non sans crainte, pour lui demander où se trouvent les sanitaires. Il m’indique de la main un bâtiment au loin qui se trouve au bas mot à huit cents mètres… J’espère juste ne pas choper la chiasse… Du coup le mec se barre avec son programme touristique et son stylo. Pas loin… il part encaisser sa dîme auprès des Battaves et recommence la même représentation qu’avec moi… Mais là, une rafale vicelarde emporte violemment ses prospectus et ses baleines… Putain le spectacle ! Le capitaine Achab et les deux Hollandais volants à la poursuite de Moby Dick… Tout compte fait, j’en ai pour mes dix euros. Le spectacle prend fin et le camping, ou ce qui en fait office, retrouve sa sérénité morbide.

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Je vais pouvoir déguster mon rata les cheveux dans le vent.

Lampe frontale, bouquin et au plume… en espérant de pas rêver de cachalot géant et de géant vert…

Jour 10 - Joudi 25 jouillé

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350 km prévus

Départ à 7h00. Ça a soufflé toute la nuit et ça souffle encore, et… il pleut !

Alors que je plie ma tente mouillée, l’Anglais au Land m’arrive par derrière (en tout bien tout honneur)… il me fout les jetons ce con !Il devait me mater depuis sa caravane et a eu pitié. Par compassion il m’apporte un café dans un gobelet, avec un couvercle et une paille. Sympa le mec, mais la dernière fois qu’on m’a filé un truc comme ça c’était à l’hôpital… Nous tentons de communiquer et je le remercie chaleureusement. Une fois l’Anglais parti, je tire sur la paille et… oh putain ! un café au lait… sucré en plus… depuis mes 12 ans je pensais qu’ils avaient arrêté d’en faire… je ne peux pas me permettre de balancer cette madeleine de Proust dans la haie… le mec doit me mater depuis sa caravane… Je débute donc la journée en faisant semblant de tirer sur une paille. J’arriverai néanmoins à soulever le couvercle et à balancer discrètement ce nectar dans l’herbe… je sais, c’est irrespectueux, m’enfin… il est peu probable qu’un jour le mec se mette à la moto, achète une GS, apprenne le français et lise ce compte rendu…

Allez, en route, je file vers la pointe de Loop Head, en repensant au grand escogriffe et à ses baleines. Si toutefois il s’agissait bien de baleines… car de cétacés : peau de balle ! De toute façon c’est bien bouché. Je remonte, je remonte vers le Nord, vers Galway. Il pleut, ça cesse, il pleut, ça cesse… des averses quoi. Je longe la côte et arrive dans la Burren. Une route côtière assez sympa.

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Au-dessus de la mer, il fait beau…

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mais je ne suis pas sur la mer…

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Un touriste me propose de me prendre en photo. J’accepte, de peur qu’il m’offre un café au lait sucré…

Je repars et fais une boucle plus à l’intérieur du Burren. Je trouve cela moyen… je pense que je deviens tout simplement difficile… En roulant, les jours précédents, et malgré la météo, je me suis d’ailleurs demandé plusieurs fois où je pourrais aller après ce voyage… Les paysages grandioses d’Irlande ne sont pas sans me rappeler les photos que ma femme avait ramenées de Nouvelle-Zélande. J’en suis à mes rêveries quand un quéqué en Audi cabriolet immatriculé 75 me double comme un chtarbé ! Je le retrouve un peu plus loin dans une série de virolos… il n’assure plus un caramel le bouffon du Burren… il freine sans arrêt. Il vient malheureusement de me ramener à la dure réalité des blaireaux.

Sans transition aucune, depuis cet après-midi je suis en communication avec Marie et Alain. Ils logent à Galway ce soir et nous devrions nous retrouver à Cong, où se trouve mon auberge de vieillesse.Je passe Galway et me dirige vers Cong qui sera mon camp de base pour trois nuits afin de rayonner dans le Connemara.

Je débarque à mon auberge, le Lakeland House, et y dépose toutes mes affaires. Alain me « textote » qu’ils m’attendent dans un pub de Cong, le Pat Cohan Bar. Je file dans le bourg. Il me tarde de les retrouver…

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C’est eux là, impatients… non, je déconne… (c’est pire !)

Je gare mon Beluga à côté de leur GS. Alors que je range quelques trucs dans le top case, je fais tomber la boîte qui contient mes pounds, ça roule partout. Je pousse un grand « et merrrrde !”. Une femme qui passe se marre et dit : « c’est bien français ça… » Que voulez-vous, on ne se refait pas ma bonne dame…

Les retrouvailles sont chaleureuses. On se marre comme de vieux potes en se racontant notre périple depuis le ferry. Ils m’invitent même au resto… je dois reconnaître que ça me change de mes menus…

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Alain se met même à l’eau pour la photo prise par Marie… quand je vous dis que l’Irlande peut changer un homme…

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Dommage, la grand-mère cache la petite-fille. C’est toujours comme ça les photos de famille.

On se quitte en se promettant de communiquer par textos le soir, ce que nous ferons. Ils me disent également d’être prudent et de prendre soin de moi… là je ne vois pas pourquoi… C’est en roulant que nous nous séparons. Il leur reste encore quelques bornes pour regagner Galway. Salut les amis !

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 11 - Dredi 26 jouillé

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330 km prévus

Départ à 7h00 pour un tour dans le Connemara.

La nuit n’a pas été terrible. Je suis dans une chambre de quatre toute petite. J’ai dû laisser certaines de mes affaires à l’accueil de l’auberge. Le proprio des lieux a cru bon de mettre des ferme-portes bien puissants sur chaque porte de chambre. De fait, presque à chaque fois que quelqu’un se lève pour pisser la nuit, une porte se ferme violemment… un vrai bordel ! les lieux sont vieillots et très bruyants. Il y a une équipe de jeunes qui s’occupe du ménage et de l’entretien de l’auberge, toutes françaises. Travail de type « fille au pair ».

Me voilà parti pour le Connemara, sous la flotte et le vent… beaucoup de vent… au fil de la journée, j’aurai quelques rares éclaircies et le vent restera fort. Je suis surpris par le relief. Je m’imaginais cela plus plat. J’avais mal regardé mes cartes. C’est très très beau… Malheureusement, la flotte me fera garder l’appareil au sec… désolé…

J’emprunte des routes pleines de dos d’âne, de véritables troupeaux (hier, Alain m’avait prévenu)… je me méfie également des moutons, ils sont partout !

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Les seules photos de la journée.

Retour à Cong où j’en profite pour remettre un peu d’air dans les pneus. J’ai bien fait d’emmener un petit raccord coudé, car ici, leurs embouts sont étranges et le tuyau très rigide… beaucoup sont payants, par monnayeur.

Après, vous connaissez le programme… Lampe frontale, bouquin et au plume. Et portes qui claquent…

Jour 12 - Sadi 27 jouillé

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400 km prévus

Départ à 6h30 pour un tour dans le nord du Connemara.

Putain ! le ciel est tout bleu… Je veux en profiter et décarre sans traîner. C’est superbe le Connemara ! Je passe à Murrisk, au pied du Croagh Patrick, et constate qu’ils sont en plein préparatif pour le pèlerinage annuel du lendemain, le dernier dimanche de juillet. À l’auberge, un jeune de ma chambre qui est là pour faire un reportage photographique de cet événement m’a briefé sur le truc. Des milliers de pèlerins grimpent le mont dédié à saint Patrick qui aurait jeûné là-haut quarante jours. Pour moi, un Irlandais qui jeûne plusieurs jours, ça me rappelle plutôt les jours sombres du thatchérisme… C’est plein de caillasses… des mecs grimpent même le truc pieds nus ! Cette espèce de rédemption dans la douleur, de dévotion masochiste, m’a toujours fait flipper… Dieu a créé les Lafuma, ce n’est pas pour rien… Néanmoins, là- haut, on doit avoir une vue splendide. Je continue avec ces superbes paysages et mes pensées mécréantes.

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Dans le fond, le fameux Croagh Patrick.

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Je continue vers Achill Islande et réalise que je roule, depuis un bout de temps déjà, sous le soleil… c’est la première fois depuis mon arrivée en Irlande… il y a maintenant presque dix jours… Cette côte ouest est splendide !

Je retrouve mon auberge, ma lampe frontale, mon bouquin et mon plumard.

Jour 13 - Gromanche 28 jouillé

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390 km prévus

Départ à 6h30 pour le Donegal. Il bruine, mais il n’y a pas de vent. Les paysages sont moyens par rapport aux précédents. Au niveau de Sligo, j’aperçois la Benbulbin Mountain. Dommage que le soleil soit aux abonnés absents. Étrange cette montagne esseulée et de par sa forme… mise à part sa verdure, elle ne déparerait pas dans le Colorado. Je m’arrête sur une place dans la ville de Donegal. Il y a plein de motos. Essentiellement des motards irlandais. Les bonjours ne sont pas chaleureux… certains ne me répondent à peine… comme si je venais de chier au milieu de la place… Je pars faire un tour en ville et entre dans un pub. Ils sont tous totalement torchés là-dedans. On est dimanche… j’ai bonne mine avec mon thé… Ça gueule et ça rit fort. Un mec ne ma lâche plus la grappe. Même si je causait anglais, pas sûre que je le comprenne… Il tourne le poignet et fait vroum vroum… j’opine, et fait yes yes… on cause moto quoi…

Je m’arrête un peu plus loin, juste avant mon camping, à Killybegs, un port de pêche. Je suis impressionné par certains chalutiers… énormes ! Je n’ai jamais vu ça dans les ports français.

Enfin, j’arrive à mon camping. Des grandes grilles et un portail avec code… Je béquille. Un grand costaud déboule. Je m’attends à un speech sur les baleines… C’est assez ! (ok, je suis fatigué) Il m’indique que pour les tentes c’est en bas que ça se passe et que ça fait dix euros. Évidemment, les seuls sanitaires sont dans un Algeco, et en haut. Encore un bon huit cents mètres. Ça doit être une distance imposée dans les campings irlandais entre un chiotte et une tente… Mais là n’est pas trop le lézard… C’est le « en bas » qui me chagrine, car c’est vraiment en bas… par un chemin de terre et de caillasses qui frise les 20 % d’inclinaison. Ils sont barjots ! Je suis prêt à reprendre mes dix euros et à calter. Alors je réfléchis… et quand je réfléchis… vous savez… Bon je me lance, non sans une pensée pour ma route galloise à 25 %. Je freine de l’arrière, ça bloque, ça dandine du cul… j’arrive en bas. Nous ne sommes que trois tentes. À côté de moi des GB. Je leur dis bonjour et ils ne me répondent pas… sont chelous dans le coin… Je gravis le camping pour aller prendre une douche. Je comprends mieux le terme de « camp de base ». Ça mériterait un sherpa pour la trousse de toilette… C’est demain matin que je vais moins faire le malin, avec la meule chargée… L’avantage à l’heure où je vais me barrer, il n’y aura personne pour se moquer si je me vautre… l’inconvénient… il n’y aura personne pour m’aider à relever ma meule… Bon, on ne va pas crier avant d’avoir mal.

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La tente est plantée, alors lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 14 - Lendi 29 jouillé

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350 km et une gamelle prévusIl est à 7h00. Tout est plié mouillé et arrimé. Quand faut y aller… faut y aller… Ce n’est pas sans appréhension que je mate le haut de cette côte. La dernière fois, mes Athéniens n’ont pas atteint grand-chose, mis à part un talus… Allez… Banzaïïïï ! on n’est pas des gros manches… Première, euh… première et debout… ça passe… ça va passer… C’est passé ! En fait, debout ça l’a fait nickel. Faut que j’me calme, voilà que je me prends pour un enduriste confirmé…

Mon enthousiasme et ma subite prise de confiance font que je m’approche du portail en pensant qu’il y a une boucle magnétique, que tout me sourit, et que le portail va s’ouvrir automatiquement côté sortie, tel Moïse devant la mer Rouge… De Moïse et de mer Rouge : peau de balle ! J’avais oublié que les sanitaires étaient un Algeco… alors investir dans un portail automatique… le portail s’ouvre en appuyant sur un bouton à l’intérieur du camping. Le problème est que la moto est juste devant le portail, qu’elle est en pente vers celui-ci et qu’il s’ouvre vers l’intérieur, donc vers la moto… et merrrrde ! Tout seul, je tire comme une mule sur la meule, trop de pente… J’enlève les deux sacs et les deux sacoches latérales. J’en chie, mais arrive à reculer la bécane. J’appuie sur le fameux bouton et bloque le portail ouvert avec les sacoches… pas con le mec… manquerait plus que le portail se referme et que les sacoches restent à l’intérieur… Quel cirque ! encore une suée, mais pas au moment que je pensais.

Allez, direction Bunglass Point et la falaise de Slieve League (la seconde plus haute falaise d’Europe… la première devait être mon camping…). Il est tôt, il ne devrait pas y avoir grand monde. L’avant-veille, à Cong, Marie et Alain m’ont filé un plan : « Tu te rends au bout du parking officiel et tu ouvres une barrière à bétail, que tu refermes derrière toi, et tu peux filer jusqu’à Bunglass Point, le point de vue. » Car je ne vous ai peut-être pas dit, mais suite à un sérieux pète de moto en 1983, j’ai un gros problème de hanche et subséquemment de dos, qui m’empêchent d’arquer trop longtemps et trop fort, et c’est de pire en pire… du coup, ce plan de feignasse m’arrange bien. Quoique les deux petits kilomètres de route sont superbes. J’arrive au bout. Je suis seul. C’est un peu bouché, mais c’est grandiose !

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De la petite route après la barrière. Il y a des marmottes partout…

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Slieve League.

Le Donegal est vraiment magnifique ! J’en prends plein les yeux, malgré une météo encore défavorable.

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Quelque part en Donegal.

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Quelque part en Donegal.

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Quelque part en Donegal.

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Le mont Errigal. Un faux air du mont Fuji je trouve.

Je m’installe dans mon auberge de vieillesse, c’est calme, c’est propre, c’est spacieux. Nous ne sommes que deux dans la piaule de quatre. Un jeune Irlandais de Sligo. Ville où je suis passé la veille.

À l’accueil, il m’est encore arrivé un truc bizarre… Alors que la nana m’expliquait en anglais le fonctionnement de l’auberge, j’enlève mon casque, et constate en passant ma main droite que j’ai la tronche pleine d’huile, ou du moins d’un truc qui en a la consistance. Je fais mine de rien, la nana aussi peut-être, et continue de me concentrer sur ce qu’elle essaie en vain de me faire comprendre. Roulant presque uniquement le casque modulable ouvert, j’ai encore dû me prendre un ovni oléagineux… Je vais directement m’installer et prendre une douche, je ne repense plus à ce truc… Le lendemain, j’y trouverai l’explication. Je vous narrerai ça en jour 15.

Pour l’instant c’est lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 15 - Môrdi 30 jouillé

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350 km prévus

Départ 6h15. C’est alors que j’arrime mes bagages sur la meule que je suis de nouveau la cible d’une attaque de midges ! Oui, parce qu’hier matin, tellement focalisé sur ma montée infernale au camping, j’ai oublié de vous raconter ma rencontre avec les midges… (Culicoides impunctatus, tout un programme…) Des mini-moustiques de la taille d’une tête d’épingle, plus féroces et affamés qu’une meute de hyènes… Au début tu penses à des moucherons… juste après tu penses à décamper… J’avais pourtant lu plusieurs comptes rendus sur l’Irlande et l’écosse où ils en parlaient. Juste avant mon départ, des amis m’avaient même dit que lors d’un voyage en Écosse, l’année dernière, ces bestioles les avaient rendus fous… qu’ils avaient même dû boucher les aérations du VW Transporter au scotch écossais (ruban adhésif, j’entends…). Hier matin, c’est donc eux qui m’ont fait emmancher ma montée prématurément… Juste avant la Slieve League, je devrai m’arrêter deux fois… j’en avais emmené avec moi, dans le casque… dans les oreilles… une fois la droite… une fois la gauche… Et ce matin ça recommence ! peut-être une baisse de la température ? l’humidité ? la région ? Toujours est-il que je décarre fissa… Je m’arrête un peu plus loin pour mieux arrimer mes bagages et envoyer un texto à Alain. Rebelote ! je devrais m’arrêter trois autres fois pour finir mon texto…

Je me dirige plus à l’intérieur, vers le parc national de Glenveagh, puis remonte vers la côte nord. Le temps est mitigé et le vent absent. C’est superbe !

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Quelque part dans le nord du Donegal.

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Un couple italo-espagnol me propose de me prendre en photo.

Il est pas bien là, le « bellâtre in » ?… il rigole ce con… il vient d’affronter des montées infernales… de se faire berner par son GPS… d’être contraint de crier des « Help me ! »… d’essuyer des tempêtes et de vivre des déluges… de se faire agresser par des pisseuses ibériques, un géant vert et un café au lait sucré… d’éviter un renard, une biche, des marmottes, deux bagnoles, un portail… de ne pas éviter un talus… de faire de « l’air-moto » avec un irlandais totalement bourré… de subir des attaques en règle de plusieurs escadrilles de midges… et il est ravi ce con… C’est ça le miracle irlandais !

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J’arrive près de mon camping, le Binnion Bay Caravan Park. Enfin, je pense y arriver… Je me retrouve au bout d’un cul-de-sac, dans la petite cour d’une maison… Bonjour de demi-tour ! Mon GPS me dit pourtant que c’est là. (il n’y est pour rien, c’est moi qui ai défini ce point). Je frappe à la maison et une jeune femme avec un enfant m’ouvre. J’essaie de lui expliquer mon problème et lui demande où est ce camping virtuel. Sympa, elle me fait entrer, m’offre un thé et nous cherchons sur internet. Le camping est bien répertorié à quelques kilomètres. Je mets ça sur mon GPS et je file… Je me retrouve sur un chemin de terre qui finit en cul-de-sac au milieu de nulle part… Il y a là un « indien », dans une vieille caravane, avec deux clébards et une bagnole sans permis… il semble ici à demeure… Il m’explique qu’il est là, peinard, parce que sa femme n’y est pas… du moins c’est ce que je comprends. Il m’indique du doigt où se trouve le camping. À travers champ, j’aperçois effectivement des mobil-homes. Je le salue et m’y rends. Encore un camping de rêve ! Pas d’accueil… un long chemin droit d’au moins… je vous l’donne Émile encore une fois… huit cents mètres… avec une centaine de mobil-homes alignés perpendiculairement sur la gauche. Les tentes c’est au fond… Les sanitaires sont à mi-chemin… quatre cents mètres de gagnés. Nous sommes deux petites tentes. Un couple d’anciens, des Allemands avec une vieille Citroën Visa. Des Allemands pauvres… et voilà que ça bruine… et comme d’hab… le proprio se pointe pour réclamer ses dix euros… il sort un portefeuille rempli de biftons, impressionnant ! Ça a l’air de marcher sa petite affaire…

C’est en m’installant que je me rends compte que j’ai encore plein d’huile sur la tronche… C’est quoi ce bordel ! Je mate mon casque et percute. Que je vous explique… Depuis que j’ai épuisé ma réserve de conserves, je suis passé au diététique et au gastronomique. Tous les jours, je m’arrête dans un Lidl, achète deux pains au chocolat et des bananes que je mange sur place, et prends un pot d’houmous (houmous oignon, houmous piment, houmous « classic »…) et du bœuf froid sous vide (Irish carved beef pastrami) pour le soir… (ça aura son importance plus tard). Avant-hier, j’ai voulu changer et ai pris une salade de pâtes au pesto. Grave erreur ! car je me suis servi de mon casque comme sac, et ce qui devait arriver arriva… le pesto et l’huile ont dégueulé dans le casque… un vrai saladier le modulable… un Shoei à l’italienne… Déjà que j’ai les cheveux qui semblent ne pousser que par les aérations du casque… ce qui me fait deux petites crêtes ridicules… voilà que je me retrouve gominé style latin lover… on m’appelle Lidl des jeunes… et merrrde ! Y a plus qu’à essuyer le plus gros… Je flingue mon restant de Sopalin et finis au PQ…

Direction la douche, puis lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 16 - Credi 31 jouillé

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280 km prévus

Départ 6h20. J’enfile le casque qui glisse tout seul… Temps couvert mais pas de vent. Pas de midges non plus…

Je quitte le nord du Donegal, non sans faire un dernier saut par la côte et ses superbes paysages. Je passe à Malin, une petite ville où Antoine de Maximy s’est arrêté, pour son émission « j’irai dormir chez vous ». Je reconnais les lieux vus dans l’émission et stoppe devant l’épicerie de l’épicière vedette. Dommage, il est à peine 7h00 et la boutique est fermée. Je serai bien rentré faire un petit coucou à Morla, je crois me rappeler que c’est son prénom.

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Quelque part dans le nord du Donegal.

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Une limitation ?

Je fais le choix de rentrer en Irlande du Nord par Derry. Comme je m’y attendais, le « London » de Londonderry est barré sur les pancartes. L’air de Sunday bloody sunday me vient en tête. Je retire des livres sterling. Un Irlandais bien sympa qui était au DAB devant moi m’explique de faire gaffe, que je vais retirer des livres irlandaises, et que si je retourne en Angleterre, la plupart des commerces ne les prennent pas. A contrario, que les livres anglaises sont acceptées en Irlande du Nord.

Je descends au sud, dans les terres, pour remonter vers la côte nord. Beaucoup de maisons particulières affichent les couleurs, en l’occurrence l’Union Jack et le drapeau d’Irlande du Nord. La campagne n’est pas terrible…

J’arrive sur la côte, la côte d’Antrim. Je longe un golf énorme en bord de mer à Portstewart. C’est impressionnant ! ils ont installé des balaises de tribunes un peu partout. Je pense qu’ils attendent une compétition internationale.Je continue en longeant la côte. Je passe près de Dunluce Castel. Un château en ruines où il y a plus de touristes que de ruines… je file… J’arrive devant mon auberge de jeunesse… C’est quoi ce truc ? En fait, c’est juste une petite baraque avec devant une courette pleine de bagnoles. J’arrive tout de même à garer ma meule, en pente, dans le bon sens, entre deux caisses. Le proprio de « l’auberge » fait payer cinq euros l’emplacement de parking pour les personnes souhaitant se rendre à la Chaussée des Géants qui se trouve pas loin. Son bouge est minable. La chambre de six est minuscule. Je m’installe tant bien que mal et me dessape pour me changer. Je suis en slibard et me rends compte que ça remue dans le pieu sous le mien… Il y a une jeune qui se réveille de sa sieste… putain, c’est mixte son truc… moi je m’en fous, mais tout de même… c’est pour la jeune que ça peut être gênant… En fait, le mec bourre son auberge comme il peut…

Une fois changé, je reprends la meule pour aller me balader au Nord-Est. C’est sympa, en particulier le petit port de Ballintoy, mais en plein après-midi il y a beaucoup trop de monde… avec la Chaussée des Géants et la Dark Hedges, entre autres, ce sont des sites de la série Game of Thrones. Je me traduisais ça par « Jeu des chiottes », mais un ami bilingue m’a dit qu’il serait plus juste de traduire par « Concours de pets »… soit… J’ai un grand ciel bleu, mais j’ai oublié l’appareil à « l’auberge »… Je regagne mon galetas et trouve une place facilement. Les visiteurs de la Chaussée commencent à calter.

Heureusement qu’il y a le WiFi dans le boui-boui, car je reçois un message bizarre, via Bouquing.comme, du proprio du logement où je dois dormir demain. Je demande à une jeune Française de l’auberge si elle peut me traduire. Le proprio m’indique qu’il ne sera pas là demain soir et que les clefs se trouveront dans une boîte avec un code. La jeune me dit que c’est souvent le cas, dans les trucs de type AirB & B. Putain, là je prends un coup de vieux… Coup de bol que j’ai pu relever mes mails ce soir, sinon demain j’étais comme un œuf…

Je ne vous apprendrai rien si je vous dis que je prends ma lampe frontale, mon bouquin et que je me mets au plume.

Jour 17 - Joudi 1er oût

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290 km prévus

Il est 6h00. Je me tâte pour savoir si je descends à la Chaussée des Géants à pied… surtout si je remonte à pied… J’ai entendu parler de navettes, mais à cette heure-là c’est mort. Il fait carrément beau. Allez, je chausse les baskets, je prends l’appareil et j’y vais peinard, directement de « l’auberge ». Bien m’en a pris, car il y a vraiment personne et ce n’est pas loin. Un bon kilomètre seulement. J’arrive à la Chaussée à 6h30 avec le soleil qui se lève… je suis seul, tout seul… Une merveille !

J’avais vu des photos… mais en vrai… Cette formation géologique est magnifique ! Surprenante… Tiens, un autre être humain arrive… qui comme moi vient faire quelques photos…

Je m’apprête à remonter, à laisser ce superbe lieu aux flots de touristes quotidiens, quand je vois arriver en scooter un autre photographe qui se gare. Je pense qu’avant 7h00, 7h30, on doit pouvoir descendre en bécane, bien qu’il y a un panneau d’accès interdit… la lumière est splendide et il y a presque personne.

Quelques photos de la Giant’s Causeway, comme ils disent là-bas :

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Je me dirige maintenant vers un autre site incontournable du « Concours de pets », la fameuse route aux arbres, the Dark Hedge. Je fais fi de l’interdiction, et me la fais dans les deux sens… Un vrai rebelle !

Ouais… sympa, mais pas à tomber sur le cul non plus… allez, deux ou trois photos et je file :

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J’emprunte la route qui longe toute la côte Nord-Est… pas dégueulasse… en face c’est l’Écosse.

Je passe à Belfast et continue en longeant la côte. C’est déjà beaucoup moins bien.

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Portaferry, en attente du ferry.

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Sur le ferry, je fais la connaissance, quelques minutes, avec un ancien Irlandais à moto très sympa et marrant. Je le suivais avant le ferry et trouvais qu’il se traînait un peu. Tu m’étonnes… il doit afficher au moins quatre-vingts balais au compteur l’ancien sur sa Goldwing. Il fait super beau et il en a profité pour mettre son équipement d’été. En l’occurrence : les chaussures Scholl, les chaussettes de biker dans lesquelles le bénard tergal vient s’intégrer à merveille, et la chemise qui va bien. Ce qu’on ne voit pas sur la photo, c’est que son bénard est décousu sur dix bons centimètres au niveau du cul… (aération à l’ancienne). Il ne va pas loin, il me dit habité dans le bled sur l’autre rive, Strangford. Chapeau l’artiste !

Je continue ma boucle et remonte en banlieue de Belfast, à Lisburn. Je me retrouve dans un lotissement où toutes les baraques se ressemblent. Que le GPS ne me lâche pas là…

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J’arrive devant mon logement. Effectivement il n’y a personne. Je récupère les clefs avec le code et m’installe. Le pavillon est à moi tout seul. C’est super propre. Il y a plein d’affaires personnelles au mec, ça fait bizarre… faut avoir confiance.Je reprends la meule, le GPS, et pars faire quelques courses dans un Lidl (il y en a beaucoup moins en Irlande du Nord). Il y a une ambiance étrange dans le coin… beaucoup d’endroits ou de bâtiments sont entourés de gros rouleaux de barbelés, de caméras, de pancartes avec des chiens… (pas des setters irlandais). Dans ma rue il y a même un panneau avec un verre. Je m’approche et constate que le panneau indique qu’il est interdit de boire…

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 18 - Dredi 2 oût

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355 km prévus

Départ à 6h30 de mon logement de la banlieue de Belfast, à Lisburn. Je longe de nouveau un peu la côte, pour remonter faire un tour dans les montagnes. Le ciel est tout bleu. C’est tout de même autre chose la moto sous le soleil…

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Bizarre cette baie, avec ce nuage sur la mer… ce doit être vers Newcastel.

Je file plus où moins à l’horizontale vers le centre de l’Irlande, ce qui me fait repasser en République d’Irande, pour repasser en Ulster, puis en ressortir. Je m’en rends compte quand je veux payer en livres dans une supérette… et que l’on me demande des euros. Par contre, juste avant ma dernière sortie d’Irlande du Nord, à Belcoo, je trouve un petit bureau de change pour convertir tous mes biftons en euros.

Le temps se couvre. La campagne n’est pas laide, mais pas extraordinaire non plus.

J’arrive à mon camping, le Battlebridge Camping, à côté de Carrick-on-Shannon. En le longeant, il me semble bien rempli… Je finis par trouver l’accueil, qui en fait est dans le pub du camping. Le proprio m’emmène me montrer mon emplacement. Il ne reste plus de choix… je négocie pour mettre la meule à côté de la tente, car une pancarte indique le contraire. Nous sommes vendredi soir, et lundi ce sera férié pour les Iralandais. Le premier lundi d’août est ici un des bank holidays (jours fériés). Ceci explique cela… les campings sont généralement bien remplis. Ce qui m’emmerde, c’est la proximité de la terrasse du pub du camping.Je commence à planter ma tente.

À côté, une femme avec trois enfants a l’air d’attendre pour planter la sienne. Elle semble faire la gueule… je lui propose de bouger un peu ma tente pour qu’elle aie plus de place. Elle me répond gentiment que ce n’est pas la peine. Bizarre cette femme, qui au bout d’une demi-heure est toujours assise par terre… Je comprends mieux au bout d’une heure, quand une équipe de furieux arrive en klaxonnant… Elle attendait du monde… Ils commencent à sortir tout un bordel… les sacs, les tentes, les matelas, les duvets les glacières, les sièges, le barbecue… et ils semblent bien vouloir s’installer autour de ma tente… Hallucinant ! Surréaliste ! Dans toutes mes expériences de camping, je n’ai pas encore vu ça… Pratiquement tout leur matériel est neuf… c’est la première fois qu’ils montent leur tente… C’est pas gagné ! Ils ont même emporté des espèces de bornes lumineuses solaires de jardin que l’on plante en terre… mais comme elles étaient encore dans l’emballe, ben ça ne fonctionne pas… Ça fait une bonne demi-heure que le mec à côté se bat avec sa tente neuve… il l’a même déjà déchirée à deux endroits… J’ai pitié… je vais l’aider… d’entrée de jeu, je lui explique de la mettre dans l’autre sens, qu’une fois dépliée complètement elle va se retrouver sur la mienne, carrément dessus… il en convient. Putain, en plus il a deux mains gauches l’Einstein de la sardine… On finit par la monter sa guitoune… J’ai peur qu’il veuille m’embrasser… Du coup, des bonnes femmes de deux autres tentes viennent me demander un coup de paluche… Surréaliste je vous dis ! Le pire, c’est qu’il en arrive d’autres… Il y en a même un qui est en train de planter sa grande tente bleue jusqu’au mur de la terrasse du pub, me bloquant tout passage… Je lui demande de la décaler un peu… que je décarre demain de bonne heure, et que la moto ne passera pas.

Si le camping est plein, les mecs à la terrasse du pub aussi… ils ont commencé à fêter ce long week-end. Pour l’instant c’est marrant, mais pour ce soir je le sens moyen…

La nuit commence à tomber. Leur campement est planté… Je commence à bouffer mon houmous et mon bœuf froid. À la terrasse du pub ça ne cause plus, ça hurle ! et ça rit gras… L’année prochaine c’est mobil-home dans la Creuse…

Mais que sens-je, que vois-je ? Mon Davy Crockett de la Quechua vient d’allumer un barbecue sous le auvent d’une tente, avec des flammes commac ! Il joue l’aérostier avec sa montgolfière… Je l’imagine déjà décoller avec sa tente, sa femme et ses mômes… Putain ! Là ça craint ! Si leur guitoune par en torche, c’est au bas mot huit tentes qui crament, dont la mienne… le 11 septembre de la Trigano… Je me prépare à dessardiner… les clefs sont sur le contact de la meule… C’est bon, les flammes ont commencé à diminuer… on n’est vraiment pas passé loin de la cata… sans rire… Il y aura obligatoirement des dégats collatéraux… ma tente va schlinguer sérieusement la saucisse irlandaise.

Grandement soulagé, je finis par rentrer dans ma tente. Sans conviction, lampe frontale, bouquin et au plume… J’ai l’impression que les mecs de la terrasse picolent dans ma tente… les mômes et les chiens se mêlent à la fête… et merrrrde ! Je bouquine assez tard… Je me réveille dans la nuit, vers 1h00, c’est calme… je n’en reviens pas…

La preuve par l’image, malheureusement sans le bruit et l’odeur :

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L’Iralandais aux deux mains gauches…

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Les premiers de la troupe…

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Une smala mouvante…

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De tous les côtés…

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Le gros de la troupe…

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Lui, je lui enlèverai ses ficelles demain matin, afin de pouvoir passer…

Jour 19 - Sadi 3 oût

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340 km prévus

Départ à 7h00 du fin fond du cocasse… Je slalome entre les tentes en enlevant quelques haubans afin de gagner la sortie du camping.

Je descends plein sud, dans le centre de l’Irlande. Fini le ciel bleu, il pleut ! Comme hier, la campagne n’est pas terrible, et la météo n’arrange rien… Du coup j’arrive assez rapidement à mon nouveau camping qui est tout simple, mais correct et tranquille ! Malgré le bank holiday, il n’y a pas grand monde, et pas de pub… en espérant que mes furieux campeurs d’hier ne soient pas itinérants…

Il me reste tout l’après-midi pour partir rayonner dans les Slieve Bloom Mountains. C’est sympa, mais sans plus…Retour au camping. Il pleut… Je ne traîne pas pour manger et gagner ma tente. Quelle différence par rapport à hier soir… C’est reposant et j’en suis presque à apprécier cette flotte…

Lampe frontale, bouquin et au plume.

Jour 20 - Gromanche 4 oût

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320 km prévus

Départ à 7h00. Je pars vers le Nord-Ouest pour redescendre plein Sud afin de longer le Lough Derg. C’est sympa, mais aucune brique ne sera cassée… Le temps est mitigé… même très mitigé…

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Je passe au pied du château de Cashel. En apercevant le populo qui s’y trouve, ma nature d’ursidé ressort et me dit de filer…

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J’ai tout juste le temps de prendre cette photo, que des trombes d’eau me tombent sur le coin du bec… Je prends une route plutôt sympa et viroleuse qui traverse une forêt, direction Tipperary. Dommage…

Les paysages campagnards ne cassent pas des briques ici non plus.

Je traverse Mitchelstown… il y a des jeunes partout… en cherchant plus tard sur le Net, je constaterai qu’il s’agissait d’un festival de musique :

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Je continue sous une forte pluie vers Blarney, près de Cork, où se trouve mon camping. J’y arrive sous des trombes… le propriétaire m’indique où je dois me mettre. Je dois traverser, en montant, l’équivalent de deux terrains de foot. La pelouse est trempée et la terre très sablonneuse… J’avais oublié le guidonnage… Debout ça le fait mieux, mais il faut rester vigilant… Je laisse la moto là et vais m’abriter dans leur local cuisine bien pratique. J’en profite pour sortir le GPS et mes cartes. Je commence à envisager un changement de programme pour les deux jours à venir. Très frustré d’avoir dû écourter mon parcours du jour 6, pour cause de météo exécrable, je pense que demain je vais rallonger le parcours prévu, afin de me faire les deux pointes qui se trouvent sous la péninsule de Beara.

La grosse pluie vient de se transformer en petite bruine. J’installe mon campement et retourne manger mon houmous à l’abri.

Je regagne ma tente et c’est lampe frontale, bouquin et au plume…

Jour 21 - Lendi 5 oût

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240 km prévus – 420 km parcourus

Je décide de regrouper une partie du trajet du jour 6, magenta, à celui du jour 21 prévu en vert.

Départ à 6h30. Rebelote… la moto est en pente devant la barrière du camping et la boucle magnétique ne me détecte pas… J’arrive à trouver un clampin réveillé à cette heure matinale. Je lui explique mon problème dans un anglais bien à moi… Le mec se marre et me répond en français… Après s’être bien foutu de mon bilinguisme, il m’aide à reculer la meule. En slalomant, j’arrive à quitter le camping. Direction Bantry… le temps est incertains… j’essuie quelques belles ondées…

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Arrêt au stand…

Ces deux pointes à l’est de Skibbereen sont vraiment superbes. Je ne regrette pas ce changement de parcours…

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Sur la première pointe, celle du dessus, je pousse jusqu’à Sheep’s Head (la pointe des marmottes, en Grogil). Je regrette de ne pas avoir garé la moto et avoir poussé à pied.

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Là, ce doit être la pointe du dessous.

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Sur cette même pointe inférieure, je me rends au petit port de Crookhaven. C’est très, très joli… la mer offre des couleurs magnifiques…

Je regagne mon camping en longeant la côte sud. Je devais faire 240 bornes, j’en aurai fait 420… Ça en valait vraiment le coup !

Au lieu de remonter demain vers Limerick comme prévu, je vais étudier un plan B. J’informe d’ailleurs le camping que je vais rester une nuit de plus…

lampe frontale, bouquin et au plume…

En bonus, je vous mets cette photo qui date de l’avant-veille. Je me suis senti obligé de faire demi-tour… (Groland oblige…) :

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Le propriétaire des lieux est, je suppose, soit un gros prétentieux, soit un fameux maître-queux…

Jour 22 - Môrdi 6 oût

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246 km prévus – 280 km parcourus

J’annule le parcours en magenta vers Limerick prévu, pour retourner vers le Ring of Kerry, le vert.

Il est 7h00. Le ciel est très menaçant… je me tâte… Je me fais une journée de repos à bouquiner ou je retourne vers Killarney et le Ring of Kerry ?… où, là aussi, j’étais resté sur ma faim. Allez… zou ! direction Killarney… je me reposerai plus tard… je prends de bonnes rincées… à Killarney, je repasse devant mon auberge de vieillesse. Je décide de reprendre le Gap of Dunloe dans l’autre sens. Le temps est moins bouché que lors de mon premier passage. Mais putain… c’est noir, très noir par endroit…

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Entrée dans le Gap of Dunloe…

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Gap of Dunloe…

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Gap of Dunlop…

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en haut…

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la Black Valley…

C’est humide, mais magique !

Je continue à me balader à l’entrée du Ring of Kerry, mais ça flotte et ça se bouche de plus en plus… et merrrrde ! Je reprends la direction de mon camping, partagé entre frustration et ravissement… J’acquiers cependant une certitude, celle que je retournerai rapidement dans ce sud-ouest de l’Irlande…

Je parviens à sécher en rentrant à Blarney. Ce camping est sans aucun doute le mieux de ceux que j’ai faits en Irlande. Il est vrai que la concurrence n’était pas au rendez- vous… et pas plus onéreux.

Je profite du vent et de l’arrêt de la pluie, pour faire une petite lessive… et surtout faire sécher… car un des problèmes depuis le départ, c’est le séchage…

Houmous, bœuf froid, lampe frontale, bouquin et au plume…

Jour 23 - Credi 7 oût

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250 km prévus – 280 km parcourus

Le parcours vert remplace donc le parcours magenta prévu.

Départ à 7h00 sous un ciel mitigé. Je quitte mon sympathique camping, en faisant gaffe de ne pas me faire avoir avec la barrière. Je suis néanmoins obligé de retirer mes sacoches latérales pour slalomer entre les poteaux des barrières.

Je remonte par l’intérieur du pays vers le parc national des Wicklow Mountains, sous Dublin, et sous les ondées. La campagne est agréable mais sans grand intérêt. En entrant dans ce parc national ça devient vraiment joli. De grandes forêts de sapins.

Sur une petite route toute droite, je vois une biche en plein milieu de celle-ci. La route est en légère pente. Je regarde dans le rétro et me laisse aller en roue libre… je me trouve à une vingtaine de mètres et elle ne bouge toujours pas… Je me dis que je vais peut-être pouvoir sortir l’appareil… Malheureusement, dès que je pose les pieds au sol, elle calte…

Je continue en traversant ce très beau parc et arrive à mon auberge, Knockree Youth Hostel, à Enniskerry. La petite route qui y mène est vraiment étroite et assez acrobatique. L’auberge est propre et spacieuse. C’est préférable, car j’ai réservé pour quatre nuits. Grand luxe ! Elle est essentiellement occupée par des randonneurs.

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Je négocie pour garer la meule devant l’entrée.

En m’installant dans ma chambre, je discute dans un yaourt anglo-espagnol avec un jeune randonneur qui vient des îles Canaries. On arrive miraculeusement à se comprendre… Plutôt sympa le mec… Je descends ensuite dans la cuisine commune où je range dans le frigo, non moins commun, mon houmous et mon bœuf froid.

Environ une heure plus tard, je traverse le réfectoire et retrouve mon Serin… ou Canarien plus exactement… il est attablé… et il mange… jusqu’à là, rien d’anormal… sauf qu’à y regarder de plus près, il est en train de bouffer mon houmous et mon bœuf froid ! Je ne sais si c’est la fatigue, la faim ou un atavisme néandertalien… mais me voilà sidéré et bien énervé… Je lui dis sur un ton sans courtoisie, et en français, un truc du genre : « Putain, tu t’emmerdes pas toi ! t’es en train de becqueter ma bouffe ! Faut pas t’faire chier ! », dans un style audiaresque : « Non mais t’as déjà vu ça ? En pleine paix ! Il s’enfile ma becqu’tance ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance, et une sévère… Je vais lui montrer qui c’est Grogil. Aux quatre coins d’l’auberge qu’on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon puzzle. Moi, quand on m’en fait trop, je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile ! Il entendra chanter les anges, le gugusse des Canaries ». Toujours est-il qu’à la tronche du mec, je vois bien qu’il est interdit, en un sens, qu’il ne comprend pas ma colère, ma hargne, mon courroux… (coucou). Néanmoins, pendant quelques secondes, je suis pris d’un doute… je me dirige vers le frigo… je l’ouvre… Putain, mais c’est Gérard Majax ce gus… mon houmous et mon bœuf froid sont là ! Je percute… le mec a acheté chez Lidl exactement le même houmous et la même viande que moi… Alors là, j’ai vraiment l’air d’un con… Je lui montre mes emplettes… il comprend et est mort de rire… moi aussi… Ce comique de situation s’affranchit de la barrière de la langue. Il me fait signe, en armant un coup de poing, qu’il a craint que je lui en mette une… Sur ce coup-là, on a frôlé l’incident diplomatique… Deux jours plus tard, on en reparlera encore en se marrant…

Après toutes ces émotions ce sera lampe frontale, bouquin et au plume…

Jour 24 - Joudi 8 oût

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330 km prévus

Départ à 6h30 pour une bonne balade dans le Wicklow Mountains National Park. Le ciel est mitigé et il fait frais. J’essuie mes habituelles averses. À cette heure, je ne croise personne, hormis des biches avec leurs faons, des chevreuils et des renards… Je fais bien gaffe à ne pas m’emplafonner la maman de Bamby…

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Des chevreuils étaient au milieu de cette route. Ils ont décampé… Je patiente, mais ils ne réapparaîtront pas. Je prends néanmoins la photo.

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Je ferai un montage Photoshop à la maison…

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Une superbe vallée, où au milieu coule une rivière, la Glendasan Valley. Je me suis arrêté sur le site d’une ancienne mine (Lead Mines). C’est superbe !

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Je redescends vers l’incontournable site de Glendalough.

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Je prends encore quelques photos et calte vite fait… des cars viennent de déverser leur horde de touristes…

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La très belle Old Military Road et sa cascade, que je fais dans les deux sens. Une partie de cette route est extrêmement bosselée. Ça secoue sérieux, mais ça reste un plateau de toute beauté.

Je m’arrête sur le bord de la route et retrouve mes bestioles… pas les cervidés… les midges ! Putain, je calte fissa !

Je descends jusqu’à Arklow pour remonter à Wicklow par la côte. Ah, enfin… enfin un coin naze en Irlande… je savais que j’en trouverais un… Entre la route et la mer, c’est plein de propriétés ou de terrains grillagés… aucun intérêt !

Je remonte vers mon auberge, en faisant un détour par Bray, au Harbour Bar pour boire un coup. J’ai lu quelque part que c’est un pub réputé. Ouais, bof…Il fait super beau et chaud ! Ne vous méprenez pas… il existe aussi des poissons volants, mais ils ne constituent pas la majorité du genre ! (Michel Audiard)

Je retrouve mon auberge, ma lampe frontale, mon bouquin et mon plume…

Jour 25 - Dredi 9 oût

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406 km prévus – Aucun parcouru…

J’avais prévu pour aujourd’hui de remonter par la côte est vers Dundalk et Newry… Mais ça, c’était avant…

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Avant ça…

Après avoir discuté avec beaucoup de randonneurs de mon auberge et avoir consulté plusieurs sites météorologiques, il en ressort qu’une météo exécrable est annoncée pour au moins deux jours… et merrrrde !

Du coup, je vais faire court, très court… Il me reste des bouquins… je décide de rester au sec… Ça ne fait pas semblant… ça tombe à verse… J’ai de la compassion pour les randonneurs qui partent sous leur poncho…Il aura flotté très très fort toute la journée…

lampe frontale, un autre bouquin et au plume…

Jour 26 - Sadi 10 oût

Un tour à Dublin par le train prévu – Du coup, rien foutu…

Il est 6h00. J’avais prévu pour cette journée de prendre le train à la gare de Bray pour aller me balader à Dublin…

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Mais c’était avant ça… La même qu’hier avec un vent d’enfer… une tempête quoi…

J’avais également prévu cette journée sans moto si toutefois j’avais dû changer mes pneus. J’avais estimé mon kilométrage à cet endroit à environ 9000 km. La météo, depuis le départ, aura fait que j’en suis à 8000… Par mail, j’avais contacté un garage BMW de Bray, Platinum Motorcycles, qui pouvait éventuellement me changer les boudins. Ce ne sera pas nécessaire… ma paire de TKC70 (j’aurais préféré TCK, je trouve ça plus rassurant pour des pneus…), neuve en partant, peut encore faire des bornes… du moins largement le retour. Alain, qui est rentré, m’a informé que l’Irlande aura eu raison de son pneu arrière (le même), à 6200 km. Il est vrai qu’ils étaient deux, qu’ils avaient les chevaux d’une 1250, et qu’ils ont bouffé comme des gorets… loin de mon régime houmous et pesto capillaire… Ça doit faire la différence…

Je me décide tout de même à tenter une sortie par ces quarantièmes rugissants, ne serait-ce que pour me ravitailler au Lidl de Bray. Je rentre trempé !

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Cette mini-sortie aura néanmoins permis à la meule de franchir les 50 000 km ! et à 7h00 pétantes s’il-vous-plaît… trop forts ces Allemands…

En rayonnant dans l’auberge, je découvre qu’une salle de séchage chauffée est à disposition pour les randonneurs et autres motards téméraires… c’est bien pratique dans cette région… J’en profite pour y déposer mes fringues et refaire une lessive.Il aura flotté et venté très très fort toute la journée…

lampe frontale, un nouveau bouquin et au plume…

Jour 27 - Gromanche 11 oût

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280 km prévus

Il est 7h00. Je quitte mon auberge sous la flotte. Direction le Sud, vers Wexford, puis le Nord-Ouest, vers Kilkenny où se trouve mon camping.

Je croise encore plusieurs biches, faons et chevreuils les premiers quarante kilomètres. Je fais gaffe…

Le ciel est très couvert, les paysages sans grand intérêt, j’essuie quelques averses. J’arrive au camping qui est correct, et où une légère accalmie me permet de m’installer à moins de huit cents mètres des sanitaires.Je pars ensuite me balader dans Kilkenny. C’est une jolie ville moyenne bien animée. Il est vrai que nous sommes dimanche… La météo ne m’incite guère à prendre des photos…

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Juste celle-ci… comme une ironie du sort…

Vous commencez à connaître le programme de mes soirées : lampe frontale, bouquin et au plume…

Jour 28 - Lendi 12 oût

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310 km prévus – 280 parcourus

Il est 7h00. Je quitte mon camping pour me diriger Sud-Est, vers Cork et la côte sud. Les paysages sont assez sympa. Il y a un peu de relief. Je repasse par Lismore et son impressionnant château. Le temps n’est pas terrible, mais je m’en sors bien depuis le départ, car par endroits c’est noir foncé…

Je commence à longer la côte sud près de Cork. Le ciel se dégage, et il se met à faire beau…

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Je m’arrête à Ballycotton, un très joli petit port.

Je passe à Youghal. Il y a un monde fou. Normal… un paquebot de croisière est au mouillage dans la baie… il a dû déverser l’équivalent de plusieurs cars de touristes…

Côté mer, il fait super beau… côté terre, il fait super noir… Vous ne serez pas étonnés si je vous dis qu’un vent de terre s’est levé… Je décide de ne pas aller jusqu’à Tramore où se trouve mon camping, mais de m’arrêter dans un autre camping, juste après Dungarvan. L’orage va plus vite que ma GS. Il m’éclate sur la tronche juste avant Dungarvan. Un truc violent ! Je réalise néanmoins que c’est le seul (et ce sera le seul) orage que je rencontre depuis le début. J’arrive à mon camping… la barrière est fermée… il n’y a pas d’accueil… putain, c’est pas le moment… une femme s’arrête en voiture et m’explique, non sans mal, que l’accueil se trouve dans un hôtel à cinq cents mètres de là. Je me rends dont à ce fameux hôtel… entre dans la hall… leur noie la moquette… la nana tire la tronche… Elle me file une carte pour la barrière et je regagne le camping. Un couple de campeurs attend dans sa bagnole que ça se calme pour planter la tente. Je fais de même, mais dans mon casque… Bon, ça se dégage et nous plantons… Je me bricole un fil à linge… il y a urgence… La force de la pluie a fait qu’elle est légèrement entrée par les extrémités. Je retourne les fringues et les mets sur le fil. Le vent toujours important va m’aider.

J’en profite pour me rendre aux sanitaires. Alors que je suis sur les chiottes, j’entends des plocccc… plocccc… plocccc… sur le toit des sanitaires… puis des ploc, ploc, ploc, ploc… de plus en plus forts et rapprochés… et merrrde ! Le temps que je rejoigne mon campement, mes fringues sont cette fois trempées de l’intérieur… et je viens de niquer un rouleau de PQ… il est trempé… La météo irlandaise est vraiment… comment dire ? Imprévisible ! même après un mois…

J’arriverai néanmoins à faire sécher tout ça avant la nuit.Allez…

lampe frontale, bouquin et au plume…

Jour 29 - Môrdi 13 oût

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280 km prévus

Il est 7h00 – C’est mon dernier jour en Irlande… Je file au Nord, faire le tour d’un massif montagneux, puis je vais longer encore un peu cette côte sud, dans sa partie est. Je dois être à l’embarcadère de Rosslare à 19h30, deux heures avant le départ.

Les paysages sont assez jolis, mais le temps vraiment incertain incertain.

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Je prends un petit ferry pour traverser la River Barrow. Le temps se brouille…

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Je vais voir le phare de Hook. Celui-là, je vais me le prendre sur le coin de la gueule… (pas le phare… le nuage noir…). Les deux marcheurs itou ! Je me rappelle bien d’eux d’ailleurs, au retour je les recroise, trempés, rincés… comme une piqûre de rappel avant mon départ…

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Le phare de Hook, l’un des plus anciens phares au monde.

Comme je suis en avance, je vais me balader et boire un coup, bien trempé, à Wexford. Une ville plutôt sympa. Un grand port avec, là aussi, d’énormes bateaux de pêche.

road trip moto irlande

Je vais tenter là mon premier égoportrait de mon existence avec la tablette de mes filles… un truc de jeunes… L’une a cinquante mille, l’autre a cinquante-cinq… (pas mes filles…) et le même regard…

Je quitte Wexford pour Rosslare. Je m’arrête dans une station pour faire un dernier plein d’unloaded. Il y a là un motard suisse avec une Triumph Tiger qui lave son linge dans les machines automatiques de la station. Il me salue… je vais lui serrer la paluche… c’est un francophone… et le premier truc qu’il me dit avec son fort accent suisse traînant c’est : « Mais qu’est-ce que c’est que ce payyyyyys ? regarde-moi çaaaaaaa… j’ai jamais vu ça moooooooi… même en russiiiiiie… en plein hiverrrrrrr… il flotte tout l’temps iciiiii… j’ai jamais vu ça moooooooi… » Lui, je vais l’avoir dans le bateau, et il va bien me faire marrer. Il va me faire trouver moins long le voyage… En attendant le bateau, je vais également faire la connaissance de Wilfrid, un motard en 800 GS, avec sa fille de 13 ans dont un stage de voile dans le sud de l’Irlande avait été écourté, pour cause de vent trop violent. Sympa et intéressant ce Wilfrid. Avec un pote, il a une crêperie vers Skibbereen et se rend donc souvent en Irlande. Il retourne en France faire les vendanges en Champagne.

Je n’ai pas réservé de cabine, trop cher ! J’ai juste réservé un siège inclinable à dix euros, mais me rendrai compte que ce n’était pas la peine. Je n’ai pas le temps de m’installer que deux motards me sautent dessus et me disent de venir boire un coup au bar, que tous les motards sont là-bas. Deux gros lourdingues les mecs… ils ne me lâchent plus… ils ont tout fait tout vu… même appris à parler à leur grand-mère… Heureusement, au bar je retrouve Wilfrid et mon Suisse préféré. Ça vole tout de suite plus haut, et j’arrive à me débarrasser de mes deux sangsues…

Le bateau lève l’ancre vers 21h30. Dans les différents salons du bateau, il y a des écriteaux indiquant qu’il est interdit de s’allonger sur les banquettes. En fait, arrivé une certaine heure, ça devient le boulevard des allongés… Puisque j’ai réservé un siège, je retourne dans la salle où il se trouve. Des personnes on même installé leur matelas gonflable… Il n’y a pas grand monde et je trouve quatre sièges libres pour m’allonger. Il y a juste assez de mer pour me bercer… J’arrive à pioncer un peu…Bon, je vous laisse là… Un débarquement en Normandie ça se prépare…

Jour 30 - Credi 14 oût

road trip moto irlande

350 km prévus – 17 h 45 mn de traversée prévues

C’est le matin… nous devons quitter la Mer Celtique et entrer en Manche… Je retourne au salon du bar, je retrouve Wilfrid, sa fille et mon Suisse. L’Helvète, toujours très sérieux, nous raconte quelques-uns de ses voyages et une bonne partie de sa vie… même sentimentale… avec Wilfrid nous sommes morts de rire… les clins d’œil fusent…

Plus tard, sur le pont, je vois le Suisse qui scrute l’horizon. Il se désole de ne pas voir d’oiseaux… signe pour lui que la côte serait proche… il reste focalisé là-dessus. Le temps est totalement bouché, le vent est fort et la mer formée… il se désole maintenant de ne pas voir de côte… Je lui fais remarquer qu’il nous reste au moins quatre heures de mer… il est dégoûté… Un vrai sketch ce mec ! surtout avec son accent à couper au couteau suisse…

16h00… Cherbourg est en vue… S’il n’y avait cette météo, mon Suisse serait aux anges… Il fait une halte vers Le Mans avant de regagner ses alpages. Hier, Alain m’a envoyé un texto de Lorient, en me disant, non sans un brin d’ironie, que la météo de cette journée de credi dans l’Ouest français sera la plus terrible de la semaine… Il avait néanmoins raison…Nous attendons que notre barlu finisse de se mettre à quai, puis descendons en soute. Je suis encore en pole position… allez savoir pourquoi… Wilfrid, qui est juste derrière moi, m’aide à descendre mon Beluga de sa centrale. Contrairement aux deux autres traversées, le mec du ferry m’a obligé à la mettre sur la centrale. Comme je bloque la sortie de toutes les motos, et malgré la flotte, je décide de sortir du bateau et finir de m’équiper après la douane. Je m’arrête donc après celle-ci comme quelques motards. Avec Wilfrid et mon Suisse, nous nous serrons la paluche et nous souhaitons surtout bonne route… bise à la gamine de Wilfrid… Belles rencontres !

Je prends mon temps pour m’équiper… Nous ne sommes plus que deux motos… tous les véhicules sont sortis… L’autre motard me salue et décarre… je le suis… Quelques mètres plus loin, il est arrêté devant un énorme portail… et merrrde ! encore une histoire de boucle magnétique… Nous sommes enfermés dans la zone portuaire ! Je n’y crois pas… comme si l’Irlande tendait le bras au-delà des mers et tentait de me retenir… Nous attendons dix bonnes minutes… essayons de disposer les motos à différents endroits… peau de balle ! Je m’apprête à retourner voir la douane, quand un Kangoo de cette même douane arrive pour déclencher la boucle… les mecs ne se marrent pas du tout… Ils semblent se demander quels sont ces deux boulets qui les obligent à bouger… Ils nous libèrent.

Il est presque 17h00, heure française… Allez, c’est parti ! Plein sud… Il flotte méchamment… et ça souffle, ça souffle… un gros vent de noroît, par bourrasques… Ça va être physique jusqu’au Groland de l’Ouest… Saint-Lô, Avranches, Rennes, puis direction Nantes, Saint-Nazaire… de la quatre voies où il faut que je me réhabitue à nos chers et onéreux radars… Bouzins que j’avais oubliés en Irlande en quelque huit mille bornes…

Plus que dix bornes… cinq, quatre, trois, deux, une… Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage… Heureux qui, comme Ulysse, a vu cent paysages…

Je range mon Beluga dans le garage… on verra ça demain… Je retrouve ma famille, mon chien, et mon plumard…

1 réflexion sur “L’Irlande et un peu plus… road trip à moto”

  1. Bonjour,
    Je viens de lire une grande partie de ce récit.
    Epique !
    Me suis bien marré, ça change des neuneus sur facebook et autre.
    Place au vrai récit, avec un phrasé qui me rappelle mes San Antonio …

    Mille mercis pour ce moment de vrai partage.
    Au plaisir (j’ai prévu de faire l’Irlande l’an prochain si Dieu le veut)
    Laurent

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